Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Les raisons de son départ…
Rencontre avec Pierre-antoine Lévi, ancien 1er adjoint au maire
Perdant la quasitotalité de mes responsabilités je ne pouvais plus me revendiquer d’une légitimité quelconque pour assurer mes fonctions Notre collectivité à la chance d’avoir aux finances des cadres et collaborateurs d’une intégrité et d’une compétence hors du commun
Pierre-antoine Levi, vous venez de donner votre démission à l’issue du conseil municipal d’investiture. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
J’ai estimé que j’avais perdu la confiance de Brigitte BAREGES, Ce n’est pas tant le fait d’avoir été rétrogradé de 1er à 3e adjoint mais surtout il m’a été retiré mes responsabilités au conseil communautaire , au SCOT (schéma de cohérence territorial) et au SIRTOMAD (syndicat de traitement des déchets) On sent chez vous beaucoup de déception. Vous ne vous y attendiez pas ?
Ce n’est pas en ces termes que cela se pose. Je ne suis propriétaire d’aucun de mes mandats. Personne n’est par ailleurs irremplaçable mais je ne m’attendais pas du tout, à avoir perdu de cette façon la confiance du maire . Je l’ai pris comme une trahison Cette décision est venue naturellement ou y avez-vous beaucoup réfléchi ?
Vous vous doutez bien que l’on ne prend pas une telle décision à la légère. J’ai mis tellement de coeur et d’énergie à exercer ces fonctions durant 12 ans et lors de la dernière campagne, que je me suis senti profondément blessé. Pour moi, il n’y avait pas d’autres décisions que la démission même si j’ai eu une multitude d’appels pour m’appeler à rester. Lors de votre discours, vous avez expliqué que tout ceci n’était « qu’un au revoir» et que vous vous tenez à sa disponibilité si elle avait besoin de vous. N’aurait-il pas mieux valu rester au sein du conseil ?
Je ne pouvais continuer à rester au sein du conseil pour les raisons que je viens de vous exposer. Perdant la quasi-totalité de mes responsabilités je ne pouvais plus me revendiquer d’une légitimité quelconque pour assurer mes fonctions et dans ces conditions, il aurait été parfaitement malhonnête de rester. Il me semble que vous gardiez tout de même les mêmes prérogatives au sein de l’équipe municipale. En quoi passer de 1er à 3e adjoint est-il important à vos yeux ?
Je pense avoir répondu à votre question. J’ai perdu la quasi-totalité de mes prérogatives pour une raison qui m’échappe Vous avez fait campagne avec cette nouvelle équipe. Était-elle au courant de votre décision avant que vous l’annonciez en séance?
J’ai hésité jusqu’au dernier moment et n’ai pris ma décision qu’à la dernière minute . Je vous avoue humblement que les innombrables échanges m’appelant à rester ont failli me convaincre. Vous en aviez informé Brigitte Barèges ?
J’avais informé Mme Le Maire que je ne pouvais en aucun cas accepter ses propositions. A-t-on essayé de vous faire changer d’avis ?
Comme je vous l’ai dit, j’ai été contacté par de très nombreuses personnes, colistiers, agents municipaux, citoyens montalbanais, maires m’incitant à rester au conseil municipal. Élu en 2008, vous aviez face à vous Philippe Bécade qui est aujourd’hui maire-adjoint. Pensez-vous faire les frais de cette volonté d’ouverture ?
Absolument pas. J’ai d’ailleurs les meilleures relations avec Philippe Bécade à qui je souhaite beaucoup de réussite dans ses nouvelles fonctions Désormais c’est Thierry Deville qui a pris votre poste. Ce sera un bon adjoint aux Finances ?
Ce n’est pas un problème de personnes . Ce n’est qu’au moment du bilan que l’on sait si on a été un bon adjoint. Pour ma part, je pense avoir laissé une situation saine, ce qui a d’ailleurs été largement reconnu tant par le maire, que par nombre de magazines spécialisés. Notre collectivité à la chance d’avoir aux finances des cadres et collaborateurs d’une intégrité et d’une compétence hors du commun. Je n’aurai jamais pu réussir sans eux. J’adresse tous mes voeux de réussite à Thierry dans cette nouvelle mission Vous avez toujours été très proche de Brigitte Barèges, l’un de ses « fidèles ». La déception doit-être encore plus grande.
Ce n’est pas la déception qui domine, mais la satisfaction du devoir accompli. Je suis fier d’avoir servi Mme le Maire de Montauban avec fidélité et loyauté durant 12 ans. Je n’ai jamais trahi ni mes valeurs ni personne. J’ai le sentiment de l’avoir été. J’ai toujours agi en conscience avec la volonté de servir ma ville De quoi êtes-vous le plus fier ?
Je suis fier de la transformation de notre ville. Brigitte
Barèges a impulsé les projets avec dynamisme et notre équipe a oeuvré dans le même sens . Je rends hommage à tous les services et à tous les agents municipaux sans qui nous n’aurions pu travailler efficacement Une anecdote sur ces 12 années passées à la mairie de Montauban.
J’en aurais tant à vous raconter. Je ne veux me souvenir que du positif et de belles aventures humaines avec les élus, les agents, les maires et tous ceux que j’ai pu rencontrer dans l’exercice de mes fonctions Je sais bien que le vote du maire a lieu à bulletin secret, mais je me dois de vous poser la question. Est-ce vous qui avez glissé un bulletin blanc dans votre enveloppe ?
Comme vous le précisez, le vote est secret mais je n’ai aucun état d’âme à vous avouer que j’ai voté pour Brigitte Barèges. C’est le maire de tous les Montalbanaises et Montalbanais . Membre de la société civile, pouvez-vous dire que la politique fasse désormais partie de votre passé ?
Absolument bas. J’aime la politique au sens noble du terme, telle que mon père la pratiquait. Je pense avoir toujours exercé mes fonctions avec tolérance, respect, humanisme et à l’écoute des autres.
J’ai dit au conseil municipal que mon départ n’était qu’un au revoir. Je continuerai donc à faire de la politique. Qu’allez-vous faire maintenant ?
Je vais me reposer car les derniers mois ont été particulièrement difficiles avec une crise sanitaire hors norme engendrant une crise économique et sociale sans précédent Je vais réfléchir sereinement à mon avenir. Malgré toutes ces vicissitudes, vous restez convaincu que les Montalbanais ont fait le bon choix?
Mon engagement sur cette campagne , est la réponse à votre question. Mon implication a été totale et je suis convaincu que notre bilan et notre projet étaient remarquables sinon je me serai retiré bien avant. J’ai découvert de belles personnes dans notre liste durant cette campagne . Je leur souhaite bonne chance dans l’exercice de leurs fonctions et suis comme je l’ai dit à leur disposition pour tous conseils qu’ils jugeraient utiles de me demander. Aucun regret ?
Bien sûr que oui. On ne passe pas 12 ans de sa vie en travaillant sans relâche sans ressentir un grand vide, lorsque l’on quitte ses mandats. Mais mes états d’âme n’ont aucun intérêt quand on regarde la situation actuelle et son cortége de souffrances.
On ne passe pas 12 ans de sa vie en travaillant sans relâche sans ressentir un grand vide