Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
La conjoncture économique en Occitanie durement affectée
En complément de l’article paru dans notre édition de mardi, nous avons rencontré M. Jean-michel Clavié, Directeur Départemental de la Banque de France qui nous a présenté les perspectives 2020 avec l’actualisation des prévisions à mi-année.
Jean-michel Clavié, interrogés par les services de la Banque de France en juin et juillet, les chefs d’entreprise de la région OCCITANIE « révisent nettement à la baisse les projections formulées en début d’année pour l’année 2020 pour les trois secteurs étudiés, industrie, services marchands et bâtiment. »
Dans l’industrie, le chiffre d’affaires reculerait de plus de 20 % sur 2019 contre un repli de 11 % dans les services marchands et de près de 10 % dans la construction.
BAISSE DES EFFECTIFS SALARIÉS ENTRE -4 % ET-7 %
Les effectifs salariés des entreprises seraient plus modestement ajustés à la baisse, entre -4 % et -7 % selon les secteurs.
En revanche, les programmes d’investissement ont constitué avec l’intérim la principale variable d’ajustement au repli d’activité, les programmes d’investissement diminueraient de 49 % sur un an dans l’industrie, de 24 % dans les services marchands et de 33 % dans le bâtiment.
Enfin, la crise devrait se traduire par un recul généralisé de la rentabilité pour une grande majorité d’entreprises et dans tous les secteurs.
L’activité industrielle reculerait de 20,3 %, alors que les prévisions en début d’année font état d’une croissance de +2,6 %. La
contribution des différents secteurs est toutefois hétérogène.
Dans l’agroalimentaire, la baisse serait la plus faible (1,8 % vs +2,9 % annoncé en début d’année). Le secteur aéronautique enregistrerait une chute de 34 % de son activité (vs une croissance attendue de 4 % en début d’année).
Les fabricants d’équipements électriques électroniques, de matériels de transport et des autres produits industriels (hors aéronautique) enregistreraient respectivement des baisses de -14,4 %, -14,7 % et -8,3 %.
Le secteur des services annonce une baisse de ses courants d’affaires de 11,3 % contre une hausse de +5,6 % anticipée en début d’année. Neutralisée des acteurs du secteur aéronautique, cette diminution serait de -8,3 %.
Les activités informatiques seraient les moins affectées (stabilité des CA vs +2,4 % en début d’année).
Le secteur du transport et de l’entreposage prévoit une diminution de -7,7 % (vs +3,6 % en début d’année).
L’HÉBERGEMENT, SECTEUR LE PLUS TOUCHÉ
Les activités d’ingénierie et l’hébergement seraient les plus touchées (respectivement -11,4 % et -41,4 %).
La production dans le BTP n’échapperait pas au repli de l’activité (-9,6 % vs +1 % en début d’année). Le gros oeuvre et les travaux publics enregistreraient de fortes baisses (-12,9 % et -13,2 %). Les entreprises du second oeuvre devraient mieux résister (-1,3 %). Près d’un quart des entreprises du bâtiment annoncent des hausses d’activité et 16 % dans les TP.
Les programmes d’investissements sont fortement revus à la baisse : industrie -49 %, services marchands — 24 % et BTP -33 %, par rapport aux réalisations de 2019.
L’emploi pâtirait de la baisse généralisée de l’activité. Les effectifs diminueraient de -4,1 % dans l’industrie, de -6,6 % dans le BTP et de -1,2 % dans les services marchands (cette donnée n’intègre pas le recours à l’intérim). Seul le secteur informatique annonce une hausse de +7,3 % du nombre de salariés. La baisse la plus significative se retrouverait dans l’hébergement (-14,2 %).
La rentabilité : une majorité d’entreprises tablent sur une diminution de leur rentabilité. Dans l’industrie, 56 % des entreprises interrogées (hors aéronautique) annoncent une baisse, dont 1/3 de plus de 20 % par rapport à 2019.
Dans l’aéronautique, 85 % prévoient une baisse qui sera supérieure à 30 % pour plus de la moitié des sociétés.
Pour les services marchands, le repli de rentabilité concernerait 63 % des entreprises et dans le BTP 56 %. Les baisses seraient moins importantes dans le bâtiment (-10 % pour près de la moitié des entreprises).
La hausse des crédits bancaires aux entreprises (+14,5 % fin juillet en glissement annuel) est portée par les crédits de trésorerie (+41 %), alors que les crédits à moyen terme augmentent de 7 %. Le recours aux PGE explique en grande partie cette évolution. Fin août, 57.300 entreprises, soit environ 6 % des entreprises de la région, ont sollicité le PGE pour un total de 8Mds€.
Les difficultés financières des entreprises sont peu perceptibles jusqu’ici. Les défaillances reculent de 30 % sur un an, à fin juillet. Les incidents de paiement bancaires baissent de 21 % à fin août (en glissement annuel). Après un pic de saisines de la médiation du crédit en avril et mai, les sollicitations sont beaucoup moins nombreuses. Dans l’ensemble les chefs d’entreprises font état d’une trésorerie équilibrée, voire en amélioration; les mesures d’accompagnement financier ont consolidé les trésoreries après la forte dégradation observée pendant la période de confinement.
Des projections revues à la baisse Près des 2/3 des entreprises annoncent une baisse de chiffres d’affaires. Les difficultés financières des entreprises sont peu perceptibles jusqu’ici