Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Une manifestation contre l’intolérable à Septfonds
Il y avait beaucoup de monde ce samedi au camp de Judes de Septfonds, et malgré la gravité de la double cause du rassemblement, l’ambiance était festive. Il y avait aussi beaucoup d’humanité dans cette assemblée de près de 400 personnes réunies pour se dresser contre l’intolérable : l’élévage de porc agroindustriel concentrationnaire installé sur le lieu même du camp de Judes : un camp de concentration construit à la hâte en 1939 pour enfermer près de 16.000 républicains réfugiés de la guerre d’espagne, puis des familles juives à partir de 1942 avant leur déportation vers Auschwitz ! Les enfants des migrants espagnols représentés par l’association CIIMER de Bordeaux, MER 82 et son président, Joseph Gonzalez Ocaña, demandent que cesse cette activité indigne sur un lieu de mémoire et de souffrance. Des messages de soutien arrivent de toute part de ceux qui n’ont pu être présents à cause de la crise sanitaire et sont transmis à l’assemblée lors d’un discours très touchant clôturé par des hymnes espagnols.
Une offense à la mémoire, une atteinte à l’environnement, de la maltraitance animale et des risques pour la santé, voilà quatre raisons de s’indigner contre cette porcherie industrielle. Plusieurs générations et différentes associations étaient réunies pour une longue marche partie du Camp de Judes de Lalande jusqu’à la place de la Mairie de Septfonds. Une marche rythmée par une fanfare entrainante, pleine de vie, des discours sur le devoir de mémoire et par les chants des résistants espagnols. Émouvant !
UNE MARCHE POUR UNE DOUBLE CAUSE
Le collectif de sauvegarde de COSALDE (Collectif de Sauvegarde de Lavaurette, du Daudou et de leur Environnement) et son président
Bruno Bonnefoi informent sur la réalité de cet élevage : « Mutilés pour ne pas s’entretuer, quand ils n’auront pas été réformés, les 6.500 cochons qui sortiront annuellement de l’exploitation pour l’abattoir auront vécu 180 jours sur des caillebotis en béton, disposant de 1,1 m2 par tête. Ils auront probablement été nourris au fourrage local arrosé de glyphosate, et de tourteaux de ce soja transgénique importé du Brésil ou d’argentine qui dévore la forêt amazonienne. Chaque année, l’épandage de 6.400 m3 de lisier, bourré d’antibiotiques, fera exploser la teneur en nitrates du Daudou et de l’aveyron. »
Un septfontois présent sur l’événement s’exprime : « On n’en veut pas de cette porcherie, on ne peut répandre des tonnes de lisier, polluer les nappes phréatiques et bafouer la mémoire impunément ! Un élevage toxique et une mémoire polluée, stop, ça suffit ! « et un paysan local explique : « Il faut aider les petits agriculteurs locaux et les inciter à s’installer pour lutter contre l’industrialisation de l’agriculture prédatrice de terres et d’aides publiques. «
Souffrance animale et désastre écologique : chaque jour des tonnes de lisier polluent cours d’eau et nappes phréatiques aux nitrates et aux antibiotiques, l’air se charge d’ammoniaque … Chacun appréciera ce désastre pour les valeurs locales agricoles, écologiques, de qualité de vie, de santé, et mémorielles directement impactées par cette activité. Deux procédures judiciaires sont en cours actuellement : l’une pour demander le respect de la mémoire du camp et l’autre pour dénoncer les nuisances environnementales. À suivre !