Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

URBI ET FOURBI

- Par Jean-claude Héral

Alors que le Pape exhorte le monde entier à la solidarité face à la pandémie, à Paris la chapelle s’amuse.les curés qui ont réuni le week-end de Pâques des centaines de fidèles, sans précaution­s sanitaires ni gestes barrières dans l’église St Eugène, n’en sont pas à leur coup d’essai.la semaine sainte, cette église tenue par un clergé ultra-traditionn­aliste n’a cessé d’accueillir des offices religieux où quasiment personne ne respecte la distanciat­ion. Et, c’est le cas depuis des mois, comme en témoigne une vidéo du 21 janvier immortalis­ant la messe solennelle de requiem pour Louis XVI. Chaque fois les images montrent des fidèles serrés les uns contre les autres, les curés en chasuble dorée distribuan­t les hosties dans la bouche et la chorale s’époumonant en envoyant des particules virales, au plus haut des cieux...le diocèse de Paris s’est dit stupéfait par l’article du Parisien révélant l’affaire. L’archevêque Michel Aupetit est bien peu curieux de ses paroisses traditiona­listes. Depuis son arrivée à Paris , ce monseigneu­r s’est illustré en faisant le ménage à l’église St Merry, jugée trop à gauche, mais autorise ses curés d’extrême- droite à faire les quatre cents coups. Il a doté St Eugène d’un vicaire réac agité du crucifix qui inonde Twitter de messages dénonçant pêle-mêle les étrangers et les vaccins anti-covid. Face à cette déferlante médiatique, le diocèse a annoncé « des suites internes » mais, n’a pas l’intention de fermer cette église qui reste l’une des rares paroisses à faire le plein de fidèles et d’argent à la quête. Tant pis si l’air ambiant est chargé de virus ! L’interview d’une paroissien­ne reprise en boucle nous a rassuré « on ne se présente pas devant Dieu masqué » Et Judas, alors ? Pour couronner ce week-end pascal , Pierre- Jean Chalançon y est allé de sa contributi­on. L’ex-brocanteur télévisuel, féru de Napoléon et accessoire­ment ami de J.M. Le Pen et dedieudonn­é ,organisate­ur d’un dîner clandestin scénarisé et théâtralis­é par M6, vendu au prix fort 160 à 500 euros par personne, servi au plus grand mépris des règles sanitaires et aux cris de « on est en démocratie, on fait ce que l’on veut ». Ces bourgeois recalés, qui se prennent pour des huiles essentiell­es, devraient consulter le Petit Larousse pour le choix des mots. Le choc des photos a amené Chalançon a essayer de mouiller des ministres. Avant de se rétracter , faisant dire à son avocat qu’il s’agissait d’un poisson d’avril. Pitoyable ! Mais, que ce fut ou non le cas, c’était trop tard. Les réseaux sociaux moins préoccupés de distinguer le vrai du faux que de découvrir l’identité des « saligauds » privilégié­s qui se gobergent à grand frais et sans masque au restaurant alors que le bon peuple est contraint, sous peine d’amende, de rester dans sa cuisine, s’étaient déjà enflammés à grand coup de « on veut des noms » ou plus original « mangeons les riches » Montée au créneaux des ministres pour démentir. Ils ne mangent pas de ce pain là. Et, jusqu’à preuve du contraire, il semble bien que ce soit le cas. Mais ce n’est pas tant la « plaisanter­ie » de Chalançon,c’est d’abord ce que démontre l’emballemen­t suscité par cette affaire qui pose problème. Ce week-end de calotins et de bourgeois décalés aurait pu avoir comme point d’orgue : un Requiem pour des Cons. Merci Gainsbourg.

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