Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Ses courses en famille lui coûtent 7 ans de procédure judiciaire

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Auxiliaire de vie, cette maman de trois enfants ne pourra jamais oublier ses courses alimentair­es du 18 mars 2014. Elles vont, indirectem­ent, lui coûter très cher avec à la clé 7 ans d’une procédure judiciaire interminab­le. La plaignante est devenue prévenue. Dernière étape au tribunal correction­nel de Montauban qui juge ce dossier kafkaïen plusieurs fois classé sans suite. Poursuivie pour dénonciati­on calomnieus­e, la quadragéna­ire fait face à la barre avec une certaine lassitude dans la voix. Actuelleme­nt sans emploi, elle confiera avoir des problèmes de santé et souffrir de cette période liée à la pandémie.

Alors qu’elle pousse son caddie en famille, sa petite de dix ans se plaint d’avoir été blessée par un véhicule qui reculait sur le parking. Voulant s’adresser à l’automobili­ste, une violente altercatio­n en découle immédiatem­ent. Ce dernier, qui nie les faits, aurait traité sa fille plus âgée de « pute et salope » (sic). Il lui lancera pendant la dispute : «Vu mon rang, vous n’avez pas à me parler comme ça.»

« C’EST MA FILLE, MON BÉBÉ »

La quadra reprend dans le prétoire : « Il ne s’était pas excusé, une personne vraiment odieuse». Elle prend la décision de porter plainte pour délit de fuite. Cette dernière va enclencher un processus irrémé- diable, puisqu’on lui reproche d’avoir menti sur les blessures de sa fillette. “Quelle est votre position?”; « En fait, je n’ai pas menti. Elle m’a dit que le véhicule lui a reculé dessus. Elle avait mal. C’est ma fille, mon bébé : pourquoi je ne la croirais pas ? » ; « Est-ceque vous l’avez vu ?» ; «Non, je me suis fiée à ce que m’a dit ma fille». Quand elle s’exprime sur la nature outrancièr­e de l’automobili­ste, la juge répond tout de go : « Ce n’est pas une infraction d’être grossier. pourquoi, n’avez-vous pas dit : “je n’ai rien vu ?” ; « Je l’ai dit en confrontat­ion avec le juge d’instructio­n. » ; « Aux gendarmes vous présentez un certificat médical… Pas d’hématomes, de choc, de bleus…» ; «Mon docteur m’a dit : si c’est une entorse; il faut mettre une attelle.»

RADIÉ À LA MOINDRE CONDAMNATI­ON

Elle confirmera aux enquêteurs ne pas solliciter d’indemnité. Aucune mention sur son casier judiciaire. La partie civile : «Il n’accepte pas d’avoir été mis en cause d’une façon fallacieus­e… Des artifices en mettant une attelle à cette enfant qui n’en n’avait pas besoin. Si tout le monde faisait ça ? Il est expert auprès du tribunal de Toulouse. A la moindre condamnati­on, il est radié… Il veut laver son honneur… Il est extrêmemen­t grave de pouvoir salir des réputation­s… ». L’avocat réclame 16 000 euros de dommages et intérêts. Le ministère public au vu des éléments va requérir la relaxe : «… Rien ne peut établir que ce que dit la jeune fille est faux… Il n’y a pas eu d’enquête… Au moment où elle dénonce : elle pense qu’il y a eu un choc…».

LE JUGEMENT EST MIS EN DÉLIBÉRÉ

La défense se lève : «Ça fait 7 ans que je suis sur ce dossier. Tout le monde s’est accordé pour un non-lieu… La légèreté n’est pas un élément suffisant pour retenir la mauvaise foi. Quand on lui pose la question : elle a toujours dit, « je ne l’ai pas vu. C’est ma fille qui me l’a dit », et pense à ce momentlà qu’elle est blessée. Comment imaginer qu’elle aille chez le médecin si elle pense qu’elle n’a pas été heurtée ? Qui amène le certificat médical à la gendarmeri­e ? Elle ! Ce dernier dit qu’il n’y a pas grandchose… Est-ce-que l’on a interrogé cette petite de dix ans ? Non, jamais…». Le jugement est mis en délibéré.

Elle m’a dit que le véhicule lui a reculé dessus. Elle avait mal. C’est ma fille, mon bébé

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Une dernière étape au tribunal correction­nel de Montauban qui juge ce dossier kafkaïen.

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