Le Petit Journal - L’hebdo des Hautes-Pyrénées

Arsenic et bol de lait à Andrest

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Sur question du président, Mouret affirma qu’il avait accompagné plusieurs fois Madame Laporte chez Suberbie, le soir vers 11 heures. Une fois, Suberbie était couché ; il était descendu ouvrir la porte. Madame Laporte était montée avec lui dans sa chambre et y était restée plus d’une heure. Un autre témoin, le sieur Lagarde, employé à la gare d’Andrest, affirma qu’un jour, Laporte était venu à la gare pour affaire ; il s’était mis à vomir contre le bâtiment. Il avait répondu, pour s’excuser, qu’il était malade depuis son voyage à Chis et qu’il était empoisonné. Le témoin rapporte un propos que Laporte lui avait tenu peu de temps avant sa mort : « Oh ! Suberbie m’a mis du carbonate de soude dans le vin, afin qu’il ne me fasse pas mal. » A un autre témoin, le sieur Rey, scieur de long, rencontré à Andrest, Laporte, lui parlant du vin qu’il buvait dans ses sorties avec Suberbie, lui racontait : « Nous mettons toujours du bicarbonat­e. Léon (Suberbie) en a toujours sur lui. Il dit que ça fait moins de mal. » Le sieur Marignac, également cité à la barre comme témoin, répondit au président au sujet de la mort de Laporte :

«Ce décès ne me surprend pas. Je l’avais prévu. Pau

vre Laporte.» L’audience fut suspendue quelques minutes et à la reprise, le témoignage de la limonadièr­e Madame Destarac allait un peu détendre l’atmosphère, pesante depuis le début.. Des rires malicieux allaient même être entendus dans le public et, principale­ment dans la tribune des dames. La limonadièr­e de la rue de l’Harmonie à Tarbes dit qu’elle avait vu venir chez elle Laporte et Suberbie. Ce dernier lui avait dit que Laporte était un imbécile et que luimême était l’amant de sa femme. Le président, relisant une côte du dossier lui posa la question suivante : « Savez-vous que Laporte fut entraîné par une de vos servantes dans une chambre particuliè­re de la même maison, et qu’on alla regarder par le trou de la serrure, en se moquant de Laporte qui n’avait pas une attitude très héroïque ?» Sur réponse négative du témoin, le procureur lui lut alors la déposition d’une fille Galloz, ancienne bonne chez Madame Destarac qui confirma cet épisode peu glorieux pour Laporte mais qui lui laissera en souvenir, une maladie honteuse.

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Les conclusion­s de l’expert toxicologu­e

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