Rage de dents

Notre amie Mathilde fréquente les dentistes depuis son plus jeune âge. Une fois par semaine, l’après-midi de son jour de congé - à l’époque c’était le jeudi - elle avait rendez-vous pour une séance de torture. Au fil du temps, et tout au long de sa vie adulte, elle a fréquenté tous les praticiens de sa ville. Et malgré (ou à cause) de cela elle a toujours eu de mauvaises dents. Il y a quelques années on lui a proposé de mettre des implants ce qu’elle a fait lorsqu’elle a eu un peu d’argent après la vente de sa maison. Ca n’a pas tenu. Sur les conseils d’un ami elle a consulté un praticien de la grande ville la plus proche qui lui a expliqué que rien ne pourrait se faire tant que l’affection dont étaient atteintes les gencives ne serait pas soignée : la parondontite. En phase terminale, il faudrait, dans son cas arracher la plupart des dents encore en place. Et poser des implants pour plusieurs dizaines de milliers d’euros. Non remboursés. L’équivalent, pour elle, de quatre années de revenus. Une autre solution correspondait à plus d’une année de sa retraite. L’accord a donc été pris de faire les soins, d’arracher les dents et de finir sa vie en mangeant des purées et des potages comme elle en a pris l’habitude depuis pas mal de temps déjà. En renonçant définitivement au programme de conférences que Mathilde assure un peu partout et qui sont très appréciées. Fini aussi les enregistrements de textes pour les mal-entendants. Son élocution sera trop altérée. Je connais bien Mathilde. Après un moment de déprime elle trouvera le moyen de se rendre utile autrement. Espérons le.