Le fiancé de Mathilde

Vous ai-je dit que mon amie Mathilde avait un fiancé ? Sans être pour autant infidèle à feu son mari qui fut son grand amour. Car il s’agit d’une autre engeance. A plumes... Un Gris du Gabon. Ou Psittacus erithacus. Un perroquet. Il appartenait au mari de sa voisine et amie. Au décès de son mari, il y a quelques années, cet animal s’est pris d’une affection exclusive pour Mathilde. Et réciproquement. Elle lui rend visite chaque jour et un peu avant l’heure «Jaco» se prépare à cette rencontre. Si Mathilde fréquente plutôt les chats - ou les chiens - elle ne connaît rien aux oiseaux et, petit à petit, celui-ci a pris des habitudes de félin. Il s’installe sur ses genoux, miaule (si, si), fait des câlins…

Tout à fait par hasard, Mathilde a eu connaissance d’une circulaire ministérielle qui met en demeure ceux considérés désormais comme «éleveurs d’agréments» de déclarer leur animal «d’une espèce sauvage en voie d’extinction» avant le 4 février 2018. Or, Jaco a été acheté il y a trente ans à un particulier dont on ignore tout sauf qu’il habitait du côté de Lavit. A défaut d’observer toutes ces obligations, l’animal serait confisqué et une forte amende réclamée. Mathilde a donc pris en charge cette tâche compliquée que son amie se sentait bien incapable de remplir. Faire pucer l’animal, remplir un volumineux dossier où l’on doit préciser la superficie de l’endroit où est détenu l’oiseau, la nature du sol, son alimentation et j’en passe. Tout ce récit pour alerter les éventuels propriétaires de cette espèce qui liraient ces lignes. Vous obtiendrez tous les renseignements et le dossier à remplir auprès de la Direction départementale de la protection des populations de votre département. Pour la puce, il faudra trouver un vétérinaire spécialisé dans les NAC (nouveaux animaux de compagnie). En ce qui concerne Mathilde, elle a interrogé un éleveur près de chez elle, qui lui a dit qui consulter. Une occasion de plus de vérifier que notre pays reste le champion de la paperasserie.