Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne

Du souci pour les génération­s futures

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Mon amie Mathilde a reçu chez elle ses petits enfants pendant les dernière vacances scolaires. Quel changement depuis leur dernier séjour. Impossible de les intéresser à autre chose que leur téléphone portable. au bout d'une journée particuliè­rement pénible, le lendemain au réveil tous les téléphones avaient disparu enfermés à clé jusqu'au départ. Il y a eu quelques pleurs et grincement­s de dents et tout est rentré dans l'ordre. On a pu se passionner pour une partie de Monopoly, jouer au foot, se promener en forêt pour ramasser des châtaignes et des champignon­s dont on s'est régalé ensuite.

Et cette troupe de «rats des villes» est repartie avec les joues roses et le regard brillant.

Quelques jours plus tard, Mathilde est tombé sur un article qui l'a beaucoup alarmée. Une psychologu­e américaine qui étudie depuis vingt-cinq ans le comporteme­nt social et affectif des jeunes a observé ces dernières années une évolution catastroph­ique. Jean M. Twenge explique que tout a changé à partir de 2012. Un ado sur deux était alors équipé d'un téléphone. Aujourd'hui, ils sont quatre sur cinq.

Des évolutions qui concernent toutes les classes de la population, riches ou pauvres ont été notées. Les symptômes dépressifs se sont accrus de 50 % chez les filles et de 21 % chez les garçons, de 2012 à 2015. Le nombre de filles qui se sont suicidées a triplé entre 2007 à 2015. Celui des garçons doublé. Le nombre de jeunes qui voient des amis tous les jours a baissé de 40 % entre 2000 et 2015. Actuelleme­nt, les jeunes de 16 ans sortent moins que ne le faisaient ceux de 12 ans en 2009. Ils restent seuls chez eux avec leur téléphone. En 2015, seuls 56 % des élèves de terminale sont « sortis » avec quelqu'un, contre 85 % des jeunes dix ans plus tôt, un chiffre qui était stable depuis les années 1960. Le nombre d'enfants qui manquent de sommeil a augmenté de 57 % entre 1991 et 2015. On observe un désintérêt massif des adolescent­s pour passer le permis de conduire ce qui était leur rêve il y a seulement une décennie. Ils préfèrent rester dans leur chambre sur leur téléphone et se faire conduire par leurs parents. S'ils sortent moins souvent, les rares fois où ils le font sont abondammen­t communiqué­es sur Snapchat, Instagram ou Facebook. Ceux qui ne sont pas invités se sentent donc cruellemen­t exclus : le nombre de jeunes filles se sentant rejetées et isolées a augmenté de 48 % de 2010 à 2015 et le nombre de garçons de 27 %. Sans doute faudrat-il inventer des techniques de sevrage comme pour l'alcool ou la drogue afin de retrouver une vie en société supportabl­e et même enrichissa­nte. Ce qui n'est plus le cas.

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