Du courage

C'est le titre du livre d'Isabelle Sapporta qui publie un troisième ouvrage sur les conditions de travail faites aux fermiers, paysans et éleveurs traditionnels qui oeuvrent pour garantir la qualité de nos produits de terroir et, en conséquence, la réputation d'excellence de notre gastronomie, reconnue dans le monde entier. Elle y raconte les démêlés d'une jeune agricultrice qui vend elle-même ses produits avec lesquels elle s'est constitué une clientèle qui lui permet de gagner très correctement sa vie. Sa terrine de lapin au thym est très appréciée. Devant l'accroissement de la demande, elle a préféré déléguer l'élevage des lapins à son voisin d'en face qui a la même philosophie d'élevage. Pas d'intensif, très peu ou pas du tout de traitements administrés aux bêtes. Elle avait obtenu de l'administration l'autorisation de tuer ses lapins qui est tombée depuis qu'ils sont devenus les lapins du voisin. Interrogée, l'administration lui répond d'acheter ses lapins chez le grossiste qui lui fournira un numéro de lot nécessaire à l'indispensable traçabilité industrielle. Celle qui n'a protégé le consommateur, ni contre le scandale de la lasagne au cheval, ni contre celui de la dioxine dans les oeufs, encore moins contre celui du cadnium. Débrouillard, le voisin a trouvé un abattoir d'accord pour tuer ses lapins. Entretemps arrive un nouveau contrôle concernant l'autre élément de la recette qui n'en compte que deux (aucun additif d'aucune sorte) : le thym. « Madame, êtes vous en capacité de fournir la traçabilité de votre thym ?» La jeune femme montre ses plants, visibles depuis la cuisine. «Vous ne pouvez pas utiliser ce thym car il n'offre pas de traçabilité suffisante». Qu'à cela ne tienne. Dorénavant, le thym et acheté en gros - et ne sert jamais - pour avoir le fameux numéro de lot. Elle continue à utiliser le thym de son jardin. Sauf qu'en cas de contrôle elle sera en règle. Qui aura le courage de prendre la défense de ces artisans, fiers de leur travail, et harcelés par les diktats de l'Europe qui menacent leur survie ? Et notre santé.