Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne
L’apprentissage, c’est notre plan A !
C’est chez le chef étoilé Eric Mariottat que les membres de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de Lot-et-Garonne, présidée par Jean-François Blanchet, se sont rassemblés, mardi dernier, pour alerter sur leurs filières qui peinent à recruter du personnel.
La situation se veut alarmiste car les candidats ne se bousculent pas aux tables de l’embauche. L’UMIH doit relever de nombreux défis, notamment en matière de présence et de déploiement sur le territoire mais pas « que » : l’emploi et la formation professionnelle occupent une place prépondérante à la table des priorités. 2 225 emplois directs sont liés à la restauration soit 63 % des emplois directs du tourisme en Lot-et-Garonne (39,3 % dans la restauration, 20 % dans l’Hôtellerie, 1,4 % dans la filière traiteur et 2,6 % dans la filière cafés/bars).
Une pénurie de personnel
La profession, en quête de 200 emplois au sein du département n’est pas dans son… assiette. Pour l’UMIH 47, la faute en revient à une dévalorisation du travail manuel, entraînant une orientation vers une voie inadéquate, les aides sociales n’incitant pas à trouver un emploi. Même si l’UMIH 47 estime que cette désaffection des candidats s’explique par une dévalorisation de l’apprentissage, une inertie due à un trop grand assistanat et une réglementation de plus en plus contraignante (équipements, services au client, accessibilité et développement durable, ndlr), le problème est plus vaste.
La pénibilité des horaires et l’obligation, surtout en réception, de parler une ou plusieurs langues étrangères réfrènent les envies, mais un malaise plus profond s’est installé et nécessiterait une remise en questions de ceux qui font du mal à la profession en ne se comportant pas toujours de la meilleure des manières envers leur personnel : heures non rémunérées, horaires et rythme de vie contraignants, méthodes managériales discutables, engendrant du stress au travail et entraînant un turnover important. Les langues se délient parfois et les jeunes n’hésitent plus, entre eux, à « blacklister » certains établissements. Beaucoup d’apprentis sont prêts à travailler dur pour réussir et demandent en retour le respect des conditions de travail … et d’eux-mêmes ! Certains chefs comme Michel Dussau n’éprouvent aucune difficulté à recruter des apprentis en cuisine et doivent même refuser des embauches ! Certes, le service en salle souffre encore d’une image écornée alors qu’il suffit de présenter le poste tel qu’il est en réalité : plus qu’un simple porteur d’assiettes, un serveur est avant tout le maillon de toute une chaîne dont le départ s’effectue en cuisine ! Tout le monde a sa place et mérite une considération similaire.
Une campagne de communication auprès des jeunes
On ne le dira jamais assez : l’apprentissage n’est pas une voie de garage mais une filière d’excellence, assurant aux jeunes un emploi pérenne pour se projeter sur du long terme. Gardons à l’esprit que 70 % des apprentis décrochent un emploi dans les sept mois suivant leur formation. Les artisans-restaurateurs se tiennent prêts à apprendre aux jeunes un métier d’avenir plaisant et humainement enrichissant. L’UMIH 47 va mettre en place deux types d’actions : une campagne de communication et des rencontres informelles entre les candidats et les employeurs.
L’UMIH 47 déclinera la campagne nationale lancée par le Ministère du travail en mettant en exergue le fait que les jeunes sortant de l’apprentissage cumulent une «
[…]
» ! Il va également lancer « les bistrots des employeurs », un concept élaboré en partenariat avec Pôle Emploi où des candidats et des recruteurs se retrouveront, une fois par mois, dans un cadre atypique et informel pour des échanges se situant à michemin entre un entretien classique et un job dating. Les métiers de l’Hôtellerie et de la restauration possèdent de multiples saveurs mais pour titiller les papilles des apprentis et des candidats, il convient d’utiliser les bons ingrédients … !
Promouvoir le rural
Autre gageure de l’UMIH 47 : faire évoluer le tourisme lot-et-garonnais qui représente, en 2018, 6 % de la fréquentation de l’Aquitaine avec six millions de nuitées, 3 500 emplois directs et 1 500 indirects avec un chiffre d’affaires générant 336 Millions d’euros. Le grand défi : partir à la conquête de nouveaux clients car la fidélisation de la clientèle à la campagne oscille entre 5 et 10 %, contre 60 % en bord de mer ! L’UMIH 47 plaide en faveur de la création d’un fonds commun de communication départementale. La mise en commun de moyens et d’énergies entre le secteur public et le secteur privé permettra d’assurer une compétitivité face aux marchés, de « coordonner les stratégies de structuration de l’offre avec les stratégies de promotion et de commercialisation ». Cette gouvernance de demain apportera de l’eau au moulin touristique rural lotet-garonnais.