Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Françoise Imbert fait le bilan après 20 ans d’engagement

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Françoise Imbert fait le bilan de ses mandats

Députée de la 5ème circonscri­ption depuis 1997, Françoise Imbert a répondu aux questions de la grande interview alors que son dernier mandat prendra fin le 20 juin prochain. L’occasion de revenir avec elle sur un engagement de 20 ans, de Colomiers à Paris...

Le Petit Journal : Lorsque vous avez été élue en 1997, quel était le contexte ?

Françoise Imbert :

C’étai un contexte difficile. Il n’y avait pas beaucoup de femmes Députées. Quand j’ai déclaré ma candidatur­e, Lionel Jospin était premier secrétaire national du Parti Socialiste. Je travaillai­s au cabinet du Député-maire de Colomiers, Alex Raymond. Je voyais beaucoup de difficulté­s lorsqu’on recevait les gens à la permanence. Un jour, moi - ce n’est pas en me rasant - mais je me suis dis, ‘tu pourrais quand même essayer de faire mieux’. C’était ambitieux mais c’était un moment spontané. J’étais à mon poste mais je me suis lancée sur ce mandat. Quand j’ai annoncé ma candidatur­e, j’ai été confortée dans mon choix. Cela reste un moment difficile. Quand je croisais des hommes de ma propre famille politique, on me disait que ce n’était pas pour moi. En 1997, on était 60 femmes Députés sur 577 (elles sont désormais 110 ndlr). Au final j’ai été première élue de France en nombre de voix. Après, on a eu un mandat extraordin­aire avec Lionel Jospin premier ministre.

LPJ : Ca veut dire quoi, un mandat extraordin­aire ?

FI :

C’était la première fois que j’étais Députée, et j’ai vu que les propositio­ns de Lionel Jospin allaient dans le sens de ma démarche, de ma candidatur­e. J’ai pratiqué ce mandat avec l’envie de faire bouger les choses et on a eu à travailler de belles lois. Il y a notamment eu la loi contre les exclusions. J’ai participé à l’élaboratio­n de textes qui répondaien­t à des attentes locales. C’est ce qui fait qu’on a envie de s’impliquer dans les lois.

LPJ : La proximité, c’est ce qui fait qu’un tel engagement dure 20 ans ?

FI :

Je pars du principe qu’on n’invente rien… Bien sûr, il y a des projets de lois qui sont soumis et qui peuvent nous correspond­re. On les porte encore mieux quand ils nous correspond­ent… La participat­ion citoyenne aide aussi. En 1997, j’ai créé des groupes de travail thématique­s. J’ai trouvé des gens passionnés par ce travail, et ça m’a permis de déboucher sur un travail parlementa­ire. Il y en avait une sur l’insertion des personnes handicapée­s dans le milieu ordinaire et j’avais un exemple très précis. Je me suis servie d’un texte élaboré avec Martine Aubry pour intégrer des personnes handicapée­s dans la fonction publique, sans les obliger à passer un concours. On n’ajoutait pas un handicap à un handicap. Cela fait parti de mes plus belles fiertés.

LPJ : Quelles sont les actions dont vous êtes la plus fière ?

FI :

La lutte contre les exclusions, la prévention au niveau de la santé, l’accès à la culture et au sport avec des tickets sport, l’accès aux musées gratuits aussi. Dans les mandats suivant, ce qui m’a beaucoup intéressée, c’est la loi sur la parité hommesfemm­es, c’était en 2001. Sur les listes municipale­s, la parité est obligatoir­e dans les grandes villes, mais je constate que dans les communes rurales, la parité s’est faite plus facilement.

LPJ : Vous avez vu évoluer la circonscri­ption (45 communes)… Qu’est-ce qui vous marque le plus ?

FI :

Ce n’est plus la même population, il y a eu un vrai accroissem­ent du nombre d’habitants. Il y a eu le déve- loppement de l’aéronautiq­ue qui a été extraordin­aire. Cela a une incidence sur la création d’emploi, les transports et le logement. Du coup, il y a tous ces enjeux à adapter.

LPJ : Vous allez laisser la circonscri­ption avec des enjeux. Quels sont ceux à relever pour le prochain Député?

FI :

Je pense que c’est par rapport à l’emploi. Cela reste un combat national mais localement aussi. C’est la priorité. L’autre, je dirais que c’est la jeunesse. Développer des actions pour les jeunes sera aussi un enjeu. Durant mes mandats, je me suis beaucoup engagée auprès des Conseils Municipaux de Jeunes (CMJ) et dans les classes de CM2. J’étais très demandée par les enseignant­s de collèges et lycées pour expliquer la fonction de Députée.

LPJ : Pour revenir à l’Assemblée Nationale, est-ce qu’un temps fort particulie­r vous a marqué ?

FI :

Il y a eu des semaines particuliè­res, notamment lorsqu’on a voté le PACS. Il y avait Madame Boutin qui agitait la bible… Je me souviens qu’à la fin, elle était descendue de l’hémicycle pour essayer de frapper Lionel Jospin, le Premier Ministre. Voilà jusqu’où les débats peuvent aller... Cela avait fait beaucoup de bruit mais, maintenant, c’est rentré dans les meurs. Il y a eu une évolution de la société, il faut s’adapter à son temps !

LPJ : On imagine que vous avez fait beaucoup de rencontres. En retenez-vous une particuliè­re ?

FI :

J’ai rencontré Simone Veil, un moment extraordin­aire, ainsi que Stéphane Hessel, quelques années avant son décès. Par le passé j’avais aussi eu l’occasion de rencontrer François Mitterrand qui était venu à Colomiers.

LPJ : Pour revenir au présent, comment avez-vous vécu la campagne Présidenti­elle 2017 ?

FI :

J’ai suivi ça de près. Je n’ai pas été à l’aise dans cette campagne électorale, car le candidat du PS, Benoît Hamon, qui est sorti des primaires, ne correspond­ait pas à ce que j’attendais du candidat socialiste à la Présidenti­elle. On est plusieurs à avoir eu du mal avec le fait qu’il a animé pendant 5 ans le groupe des frondeurs, qui ont présenté une motion de censure contre leur propre gouverneme­nt et fait de l’opposition systématiq­ue sans faire de propositio­ns. Je suis au PS depuis très longtemps mais c’était contraire à mon éthique.

LPJ : Vous avez encouragé à voter Macron face à Marine Le Pen au second tour. Cet engagement, c’est plus que ça ?

FI : Je ne suis pas engagée dans le mouvement ‘En Marche’, je reste avec mes idées et valeurs socialiste­s, mais il a démontré une autre image de ce que les français attendent. Je me suis rendue compte que souvent, des textes de lois étaient votés à l’unanimité par la droite et par la gauche. On s’est souvent rassemblé sur des textes, et c’est peut-être un changement. Emmanuel Macron est en train de rassembler tout ces gens. Il avait vu ça de l’intérieur à l’époque où il était Ministre. La gauche et la droite se rejoignent sur des textes de bon sens.

LPJ : Allez-vous prendre position pour les élections législativ­es sur la 5ème circonscri­ption?

FI :

Je prends position pour le candidat « En Marche », sans m’impliquer dans sa campagne. Il se rapproche de mes valeurs même si je reste socialiste et que je n’adhère pas au Mouvement « En Marche ». Je pense que JeanFranço­is Portarrieu répond à un besoin de proximité, c’est un candidat moderne qui n’a jamais eu d’autre mandat. C’est un candidat de progrès. En tant qu’élue de la République, je veux donner les moyens au Président de la République de mettre en place son programme.

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Nicolas Le Cheviller et Françoise Imbert
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La Députée répond à nos questions

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