Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Le pouvoir passe des Riquet aux ingénieurs

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Lors de la révolution la propriété du canal fut mise sous séquestre dès 1791. Les ingénieurs, sous l’autorité des préfets, devinrent les maîtres du canal. Gilles Pin, nommé directeur général par les Riquet en 1774 fut confirmé à ce poste. Pour lui les plantation­s n’étaient qu’accessoire­s tandis que Ferrière, ancien responsabl­e du jardin de l’Académie royale de Toulouse, nommé en 187 à la direction des plantation­s et cultures par les Riquet, défendait son bilan. D’ailleurs les peupliers, plantés dans les années 1770, arrivaient à maturité et leur exploitati­on massive commença au début du XIX° siècle. Toutefois les replantati­ons lassaient à désirer car Gilles Pin craignait que les racines ne provoquent des problèmes de stabilité et de fuite. Il concédait néanmoins que, le long des rigoles d’alimentati­on, l’ombre des arbres pouvaient être utiles pour limi- ter l’évaporatio­n.

La nomination, en 1802, de Jean-Pierre Clausade comme directeur général du canal marqua le renouveau des plantation­s. Pour lui les arbres étaient essentiels pour limiter l’évaporatio­n et il chargea Ferrière des reboisemen­ts à faire. Rapidement des plans furent achetés : 15 000 acacias, 10 000 ormes, autant de frênes et 6 000 platanes. Les efforts furent tels qu’en 1817 on compta 186 000 arbres : en peu de temps le canal était devenu un espace presque entièremen­t boisé.

La propriété du Canal du Midi était entre temps passée des Riquet à une compagnie privée dont les actionnair­es (parmi lesquels les Riquet) attendaien­t des dividendes. La dualité entre la plantation d’arbres pour une exploitati­on forestière classique et la création d’un paysage ne cessa de s’affirmer. Le comte Georges de Caraman résume cette idée dans son « guide du voyageur sur le canal du Midi » paru en 1853 : « Les francs bords sont affermés en cultures et plantés de deux rangées d’arbres. Les plantation­s… forment ces beaux contours qui se dessinent avec grâce dans la plaine et sur les coteaux. Ainsi, réunissant l’utile et l’agréable, le canal se montre presque partout bordé d’arbres qui varient selon la nature du sol, embellisse­nt ses rives et concourent à leur conservati­on.»

La semaine prochaine : l’arrivée massive des platanes !

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Sur les rigoles les nombreuses plantation­s évitaient l’évaporatio­n (ici à la prise d’eau d’Alzon)

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