Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain
Le platane, roi du canal
En juin 1898, tournant dans l’histoire du canal : il devient la propriété de l’état. Les négociations financières tinrent compte tout autant de la valeur commerciale qu’esthé
tique des plantations. « Au point de vue des arbres le Canal du Midi a une valeur exceptionnelle. On a fait le long des rives, sur les francs-bords de la voie navigable et sur ceux des rigoles, des plantations d’arbres sur deux et parfois trois rangs qui, en maints endroits, donnent à la route du canal l’aspect d’une superbe promenade. Ces plantations ont été entretenues avec un soin traditionnel… » L’estimation en fut de 860 000 francs (près de 3 millions d’euros), somme considérable pour l’époque.
La mission principale du nouveau Service des canaux du Midi était d’engager une vaste modernisation du réseau pour y relancer le transport des marchandises. La gestion des plantations ne constituaient pas une priorité. Toutefois elle ne fut pas négligée car un mauvais entretien des boisements aurait pu nuire à la sécurité de la navigation. Après la pre- mière guerre mondiale les vides causés par les prélèvements dans les alignements furent comblés malgré les faibles budgets de l’ingénieur en chef des canaux du Midi, essentiellement consacrés au remplacement des arbres morts et aux élagages. Toutefois la valeur paysagère des plantations s’imposa peu à peu et la loi du 2 mai 1930 sur la protection des sites d’intérêt pittoresque, artis- tique, historique ou scientifique, donna un nouvel outil aux services de l’état. Ainsi la commission de l’Aude attira, le 17 février 1931, l’attention du préfet sur la nécessité de préserver ce patrimoine « C’est une richesse artistique qu’il faut protéger… il faut éviter tout abattage d’arbres qui ne correspondraient pas strictement aux besoins de la collectivité et intensifier les plantations de repeuplement.
» Ce à quoi l’ingénieur en chef des canaux du Midi répondit à la demande du pré
fet : « l’entretien des plantations le long du canal du Midi se justifie non seulement pour maintenir la beauté des sites mais encore pour constituer des ombrages nécessaires à la bonne exploitation du canal ».
Le platane était devenu le roi du canal mais de nouveaux dangers le guettaient.