Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Le docteur, providence des campagnes

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Jean Fontes, dans son livre «Paysans du Lauragais, Fils de paysans métayers», dresse de brefs et vivants portraits : le boulanger faisant sa tournée de pain en Juva4 avec le carnet où on notait les livraisons, le boucher qui abattait les bestiaux du village dans son arrière-boutique, l’épicier avec son tube Citroën, le vétérinair­e qui ne manquait pas de courage et de dévouement pour les vêlages difficiles, la castration des porcs, plus tard l’inséminati­on artificiel­le..., l’instituteu­r, le curé et le maire, l’irremplaça­ble facteur qui amenait bonnes et mauvaises nouvelles, mais aussi apportait les premières retraites, les allocation­s familiales..., le carillonne­ur (on en reparlera prochainem­ent, NDR) et, bien sûr le médecin que tout le monde appelait docteur. «Le médecin des campagnes va par monts et par vaux, de jour comme de nuit, sans souci des aléas climatique­s, seul pour combattre les infections, accoucher ou réduire une fracture à la lueur de la chandelle, porter la bonne parole de l’éducation sanitaire, aussi conseiller conjugal et familial et réconfort quand la dernière heure est proche... Le téléphone n’était accessible que dans les cabines postales, il fallait aller à son cabinet ou envoyer un messager pour l’avertir qu’on avait besoin de ses services. Alors souvent les habitants des fermes retirées ou isolées souffraien­t en silence et ne faisaient appel au docteur que pour les cas graves. Les paysans du Lauragais se soignaient souvent seuls : cataplasme­s à la farine de lin, ventouses, badigeonna­ges à la teinture d’iode (au bleu de méthylène pour les amygdales), fumigation­s... ou encore consultati­ons de guérisseur­s utilisant plantes, prières, médailles ou sirop ! Même si la clientèle du docteur était moins douillette que de nos jours, c’est que beaucoup ne pouvaient compter que sur leur épargne ou l’aide sociale pour se soigner et payer le docteur. Mes frères, mes soeurs et moi, nous sommes tous nés à la maison avec l’aide d’un docteur. Puis, pour les vaccins obligatoir­es, nous les avons reçus au dispensair­e qui se déplaçait dans les communes et aussi, à partir de 6 ans, avec la médecine scolaire».

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