Le Petit Journal - L’hebdo local de l’Ariège
La souveraineté alimentaire : utopie ou réalité ?
La souveraineté alimentaire est un concept qui s’oppose au modèle agricole intensif qui s’est développé au XXE siècle et éloigne le producteur du consommateur jusqu’à plusieurs milliers de kilomètres.
La pandémie du coronavirus a montré les limites de cette longue chaîne d’approvisionnement. Pas de pénurie à grande échelle, mais un secteur mis sous forte tension. Depuis, la souveraineté alimentaire a ressurgi. « Déléguer notre alimentation à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle », avait déclaré Emmanuel Macron le 12 mars. Il faut «investir dans notre indépendance agricole » a-t-il affirmé dans son allocution.
Premier pays agricole en Europe, la France produit chaque année plus d’aliments qu’elle n’en consomme.
Pourtant , sa dépendance alimentaire s’amplifie ! Près de la moitié des fruits et des légumes, un tiers de la volaille et un quart du porc consommés viennent de l’étranger.
Selon un rapport du Trésor,
daté de 2019, la France se prépare à devenir importatrice nette en produits alimentaires, en 2023. Nous importons près de la moitié de nos besoins en protéines végétales pour le bétail. Nous sommes aussi trop dépendants en fruits et légumes. On importe 45%de nos fraises, 55 % de nos tomates, 62 % de nos courgettes.
Depuis 2000, les importations ont quasi doublé (+ 87 %) tandis que les exportations ont augmenté de 55 %. Prenons la farine : le confinement a provoqué des pénuries alors que la France est l’un des plus gros exportateurs de blé, car la moitié des sachets de farine grand public sont importés, notamment d’allemagne et d’italie. Certains
produits sont forcément exotiques (café, chocolat, fruits tropicaux…). Comment produire sur le
territoire ? Relocalisation de productions, étiquetage des origines, appels d’offres favorisant le local dans les cantines, augmentation des prix, frein sur les traités de libre-échange, harmonisation des normes en Europe… Depuis trois mois, les tribunes et les plans de relance se multiplient. À chacun sa conception de la souveraineté alimentaire. Quel rôle pour l’europe ?
«Il y a une tendance à penser que la souveraineté, c’est l’autarcie, et que le protectionnisme, c’est se protéger des autres. La souveraineté française dépend de l’europe », affirme le patron de Danone, Emmanuel Faber. Le futur cadre se dessine. La Politique agricole commune (Pac) pour la période 2021-2027 est en discussion.
La Commission européenne a présenté fin mai sa stratégie « de la ferme à la table » avec des objectifs ambitieux d’ici à 2030 : baisse de 50% de l’usage des pesticides, 25 % de surfaces bio… Progrès ou décroissance assurée ? Les avis divergent.
Un point fait consensus : augmenter les revenus est essentiel pour attirer de nouvelles générations. En France, l’agriculture et l’alimentation représentaient 12% de l’emploi en 1980, contre 5,5 % aujourd’hui.