Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude
Lire, écrire, compter
Notre amie Mathilde a reçu avec bonheur ses petits enfants aux dernières vacances. Désormais jeunes adultes, ils se préparent à des carrières professionnelles prestigieuses ce dont elle est très fière. Mais quelques chose la dérange énormément. Aucun d'eux ne sait écrire sans fautes d'orthographe. Avec une particularité : ils n'ignorent pas les règles mais manquent d'attention ou de concentration sur ce qu'ils font. Et les textos rédigés phonétiquement pour aller plus vite n'arrangent rien ! Mathilde se souvient. Sa mère, qui était coiffeuse dans sa jeunesse, n'avait que le certificat d'études dont elle était très fière. Elle savait lire, écrire sans une seule faute et compter mentalement (il n'y avait pas de machine à calculer à cette époque).elle même, qui avait vingt ans en 1968, apprenait la sténo Delaunay dans une école de secrétariat de direction après avoir obtenu le baccalauréat avec mention. Elle désirait travailler rapidement afin de soulager financièrement ses parents qui n'avaient pas le moyens de l'aider. Son intention était de préparer Sciences Po en candidat libre et de devenir journaliste. Ces deux activités - secrétaire et journaliste - exigeaient une orthographe parfaite. Aussi le programme de son école consacrait-il une large part à la consolidation de l'orthographe avec un apprentissage en profondeur. Une dictée chaque matin. C'était aussi la «religion» de la grande amie de son mari, jeune institutrice à la campagne juste après la guerre : la dictée quotidienne.
L'éducation nationale n'a guère changé depuis les réformes de Jules Ferry jusqu'à la «révolution» de mai 68. Ce sont alors succédé les innovations plus ou moins heureuses dont on a retenu les noms de ceux, parmi le ministres de l'éducation, contraints à démissionner devant la colère du corps enseignant. Savary (1984), Devaquet (1986), Allegre (2000) et son inoubliable intention de «dégraisser le mammouth». Ils avaient tout simplement oublié de consulter ceux qui sont sur le terrain et qui connaissent le mieux la situation réelle.
On nous annonce une énième réforme qui, réussite ou échec, portera le nom de l'actuel ministre : Blanquer. Il déclare prendre soin «de ne pas braquer les enseignants». On le dit «pragmatique», «prudent» et «à l'écoute». Il parle de revenir à la dictée, de réaménagement du temps scolaire, de réforme du baccalauréat et d'une «aide aux devoirs». On doit lui laisser le bénéfice du doute en attendant le moment de vérité, celui où il faudra qu'il tranche. Cependant, chaque jour des vacances, Mathilde a fait faire dictée et rédaction à ses petits enfants. Dans la joie et la bonne humeur. Ils ont adoré.