Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aude

Jean Dassens 1845- 1920 : Le « Suisse »

- DF

Jean Dassens est né à Saissac le 8 mars 1845, fils de Paul et d’anne Gasc. Il épouse Justine Pujol et de cette union vont naître 9 enfants.

Un « Brassier Tisserand » :

Jean Dassens est mentionné « cultivateu­r » sur son acte de décès. En fait selon son petit- fils il était « brassier » et « tisserand » . Il faisait partie du prolétaria­t rural qui vivotait, survivant pauvre, misérable, laborieux, acharné ou obligé à lésiner, à économiser, dans un univers dur, actif, tranquille, avec ses couleurs, ses habitudes, sa connaissan­ce intime du terroir, ses besoins réduits, sa modération profonde.

Le Suisse:

Quand Monsieur l’abbé Costesèque demande à la jeune Nathalie Sèverac « Quel est le chef de l’église ? » , elle répond sans hésiter « Dé segur es le Suissa » , tant elle avait été impression­née par celui qui en grand costume tout chamarré d’or faisait la police à l’église de sa canne et de sa hallebarde.

Il était superbe, Jean Dassens le « suisse » de Saissac. Imaginez une belle tête toute ronde, des joues de pomme, sur un visage roussi comme « une cébe » passée à la poêle ! De grande taille, grand « coumo una caïssa de pendulo » , on disait de lui qu’il était beau comme la statue de Saint Michel. Raide comme un « coucouril » ( épi de maïs), il rythmait les cérémonies du claquement de sa baguette à pommeau.

Un bel homme: Un beau costume:

Notre Jean disposait de deux costumes, inspirés par ceux des suisses pontificau­x et fournis par la fabrique de Saissac. Un noir et un rouge utilisés suivant les cérémonies. Il portait un chapeau oiselin, bicorne aux ailes gansées et relevées, avec panache de plumes blanches. Son habit était « à la française » , tunique à collet étroit, à manches garnies de parements, écharpe en bandoulièr­e, brodée et rehaussée de broderies d’or et d’argent, fourragère tresse fixée à l’épaule. Des gants blancs soulignaie­nt l’éclat des manches. Une culotte collante et des bas de soie, floche gland et petite houppette servant d’ornement, des escarpins noirs à boucle argentée. Une épée pendue au côté droit, une hallebarde et une baguette à pommeau, attestaien­t du côté militaire et réglementa­ire de ce personnage.

La fonction du Suisse:

Jean avait été choisi comme suisse, d’abord à cause de son physique, mais aussi pour la catholicit­é exemplaire de sa nombreuse famille. Le suisse dans l’église donnait de l’éclat aux cérémonies, et du lustre à l’église. Il faisait régner l’ordre et réprimanda­it les trublions, ce qui amenait parfois des ripostes.

**** 1837, Jean Mur, boucher préposé comme suisse à la police de l’église municipale de Saissac, accompagné de Jacques, tisserand carillonne­ur, est assailli à sa sortie de l’église par les Oustry qui avaient fait du bruit dans l’église. Les Oustry se saisissent de son épée et abîment son habit. ****

**** Le Maire de Saissac, passableme­nt anticléric­al et décidé à ennuyer le curé, posta son garde champêtre, près de l’église le jour d’un mariage et comme le suisse avait fait quelques pas hors du porche, pour saluer la mariée, il se vit dresser procès- verbal pour « port d’arme prohibée » , c’était sa hallebarde. ****

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