Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Ce n’est pas demain la veille
Atteindre le cap des 300 000 habitants…
C’est vrai qu’à la louche, il n’en manque que 20 000 pour faire le compte… et pourtant.
En abandonnant le fauteuil présidentiel de l’Aveyron, Jean-C laude Luche qui, sans doute, tenait à imiter les responsables nationaux des partis politiques, a organisé des « primaires » au sein de l’assemblée départementale « binomentifiée ». Souvenez-vous de l’événement. La presse en a parlé pendant des mois, à compter du moment où le président en exercice a fait le choix du Sénat à celui de l’Aveyron.
Rappelons qu’il était obligé de choisir, obligé par la loi sur le cumul des mandats. Néanmoins, il est resté conseiller départemental. Et c’est le conseiller départemental du sud du département Jean-François Galliard qui lui a succédé à la tête de l’exécutif départemental.
Non, ce n’était pas le « chouchou » du président sortant qui, dit-on, lui aurait préféré un conseiller départemental du nord du département JeanClaude Anglars. Certains bruits de Palais laissent même entendre que le choix de Luche n’était pas que géographique, mais familial. En tout cas, l’élection s’est jouée à une voix. Une voix qui a fait pencher la balance du côté de Galliard.
Entre le dire et le faire !
Quittant son fauteuil, le président se devait de fixer un cap à son successeur afin de faire oublier qu’il n’avait pas achevé la RN88 deux fois deux voies, tout comme son prédécesseur Jean Puech, que le contournement de Rodez était toujours en attente, alors que le barreau de Saint-Mayme démarrait en trois voies... en se moquant bien de l’étranglement ruthénois.
Alors, Jean-Claude Luche n’ayant pas grand chose à dire, quant à son bilan, se lançait à son tour dans la « com’ », car il est toujours plus facile de dire que de faire. Il commençait par boucler le dossier du Palais épiscopal après avoir déniché un « trader » parisien comme locataire. Un jeune dirigeant qui a déclaré souhaiter transformer le Palais en Grand Hôtel de luxe. Va-t-il pouvoir le faire ? Les ruthénois ont quelques doutes, car ils attendent toujours la chambre « Painvin » qui, dès cet été, devait être destinée à Pierre Soulages. Ils commencent aussi à se méfier de ce locataire qui se veut « trader », et qui n’hésite pas à menacer de mort les personnes avec qui il a été en affaires, en Chine, en Asie et ailleurs, dès que qu’elles commencent à tourner mal.
Puis, sans doute pour imiter son « mentor » Jean-Claude Luche s’est lancé dans une campagne de publicité du tonnerre, payée bien entendu par les contribuables, en vue d’un Aveyron à 300.000 habitants.
C’est vrai qu’à la louche, il n’en manque que 20.000 pour faire le compte !
Le président démissionnaire n’a pas fait preuve de grande imagination, car tout le monde se souvient de la fameuse campagne :« Nous irons tous dans l’Aveyron… » qui, certes, a coûté plus cher aux contribuables aveyronnais. Normal, puisque Jean Puech et son épouse jouaient alors les « Princes du Rouergue ».
Mais le résultat n’est pas à la hauteur de la moindre Principauté. Le Rouergue hélas ! n’est pas encore Monaco, même s’il existe une tour barrézienne.
Dans 33 ans !
Jean-François Galliard a donc été quasiment obligé de reprendre les deux dossiers de Jean-Claude Luche, ce qui a amené ce dernier à féliciter son successeur, lors de sa récente conférence de presse. Des félicitations qui tombent comme des cheveux dans le bouillon, puisque il y a quelque jours à peine, les résultats d’une étude sérieuse de l’Insee indiquent que l’Aveyron pourrait atteindre les fameux 300.000 habitants qu’en… 2050.
Donc, dans 33 ans ! Ouais, quand Jean-Claude Luche soufflera sa 98ème bougie. Et nous serons alors, pas mal d’aveyronnais, moi le premier, à n’avoir plus de soucis démographiques, depuis belle lurette.
Pour l’ Insee la part des 65 ans, ou plus, s’élèverait en 2050, à 35,8 %, contre 24,8 % actuellement, soit dans 33 ans, 11 % de plus de retraités. Il ne fait donc plus aucun doute qu’après les musées, ce sont les maisons de retraite qui vont décrocher la timbale.
En Occitanie le nombre des actifs n’augmenterait que dans quatre départements : HauteGaronne et Hérault bien entendu, plus le Tarn-et-Garonne et les Pyrénées- Orientales.
Alors, se servir aujourd’hui de « l’effet d’annonce » des 300.000 habitants, c’est bien joli, mais ce n’est pas pour demain, mais bien pour aprèsaprès demain avec le titre envié de « Champion de la retraite ». Il est grand temps de pendre sa musette et de partir, tout comme un voyageur de com- merce, à la recherche d’entreprises et de créateurs prêts à venir s’installer dans le département, afin d’y créer de nouveaux emplois, et d’attirer en les appâtant de jeunes couples diplômés et leurs enfants.
La peur d’une évolution politique
Jusqu’ici, nos élus se sont contentés du « tourisme » mis à toutes sauces, car les touristes ne votant pas dans l’Aveyron, ils ne prenaient pas de risque du côté de de leurs élections-réélections. Par exemple, dans le domaine médiatique les Aveyronnais doivent savoir qu’un ex-ministre a refusé l’installation de « Radio-France » dans le département, à l’image de « Radio-France Gard-Lozère »à Nîmes. On se souvient aussi que « Matra » avait eu quelques velléités et qu’une entreprise de stylos a été refusée à Laguiole. Heureusement, quelques visionnaires ont pu passer outre, notamment Claude Chégut et « Inforsud ».
Quant à la RN 88, au train où va « l’enrobé », elle atteindra les portes de Séverac. Pourvu que le grand contournement de Rodez soit enfin réalisé, quoiqu’il en soit il sera moins bruyant, surtout si nous en croyons le ministre Hulot qui veut des voitures électriques en 2040…
Rêvons vite, car nous ne serons plus là pour écrire que nos élus ont enfin tenu leurs promesses, et alors que nous en aurons entendu parler notre vie entière du fameux et sempiternel désenclavement de l’Aveyron, pas un n’aura pensé à relier l’A 75 (Séverac) à l’A 20 (Figeac) par Rodez.