Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Optique, dentaire… le grand écart des régions
Le reste à charge pour des lunettes, prothèses auditives ou dentaires, peut varier du simple au double selon les régions. C’est la conclusion surprenante du premier observatoire de la Mutualité française.
Des prix établis en fonction du pouvoir d’achat local
En fonction des régions ou des départements, le montant qui reste à la charge du patient, après remboursement par l’Assurance maladie et la complémentaire santé, peut varier du simple au double.
Mieux vaut avoir un problème auditif dans le Lot qu’en Tarn-et-Garonne ou Aveyron, une mauvaise vue en Ariège qu’à Toulouse et besoin d’une prothèse dentaire dans les Hautes-Pyrénées que dans l’Aude.
Selon le département où vous habitez, le montant qui reste à votre charge sur ces dispositifs médicaux (après remboursement par la Sécurité sociale et la complémentaire santé) varie fortement, d’après le premier Observatoire Olace de la Santé de la Mutualité Française*.
Pour une paire de lunettes, le patient paie de sa poche 4 euros en Ariège contre 236€ à Paris. Pour les prothèses dentaires, le reste à charge passe de séro euro dans les Ardennes et en HauteLoire à 146€ dans les Yvelines. Pour les prothèses auditives, l’écart est de plus du double entre la Mayenne (477€) et la Haute-Saône (1049€).
A ce jeu, dans l’Aveyron, mieux vaut avoir un problème de vue que d’ouie.
Promesse présidentielle
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a promis que les patients seraient remboursés à 100 % sur l’optique, le dentaire et les prothèses auditives à l’horizon 2022. Aujourd’hui, ils acquittent 24 % de leur facture d’optique, 23 % des coûts dentaires et 56 % des équipements d’audioprothèses. Qui va payer les 4,4 milliards que coûte cette promesse ?
En mettant en avant les écarts départementaux, la Mutualité française avance une hypothèse : les profession- nels fixent leurs tarifs en fonction du pouvoir d’achat de leur clientèle. Il faudrait donc pouvoir plafonner leurs prix.
« Si un équipement coûte plus cher à Paris qu’ailleurs, c’est que les frais y sont plus élevés qu’en province » se défend Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf ). La profession est prête à « faire un geste » sur les prix — tout en gardant un espace de liberté sur certains équipements — mais renvoie la balle dans le camp de la Sécu et des complémentaires santé. « Les remboursements actuels sont anecdotiques. L’Assurance maladie rembourse 120€ sur un appareil qui en coûte 1500, les complémentaires santé 330€ en moyenne, soit 470€ au total. C’est beaucoup moins que nos voisins européens ! », observe-t-il.
Même position du côté des dentistes, qui sont en pleines négociations tarifaires avec l’Assurance-maladie. « Les plafonds sur les prothèses ne peuvent exister qu’en échange d’une forte revalorisation des soins de base (caries…). il faut également qu’il y ait une certaine souplesse, et garder des espaces de liberté pour les prix, car les soins buccodentaires ne sont pas uniformes », estime Catherine Mojaïski, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD).
En optique, le précédent gouvernement a encadré le remboursement par les mutuelles, qui ne peut dépasser 470€ pour une paire avec des verres unifocaux (dont 150€ pour les montures).
« C’est un scandale de parler des prix avant de fixer des objectifs de santé publique visuelle. Avec les réseaux de soins, les mutuelles ont fait baisser les tarifs mais comme le montre le rapport de l’Igas sans qu’on puisse avoir d’appréciation sur la qualité », s‘insurge Alain Gerbel, président de la Fédération nationale des opticiens de France. Le débat ne fait que commencer.