Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron

Je plains les jeunes qui se lancent

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Sur 75 hectares, je gagnais correcteme­nt ma vie. Aujourd’hui, mes fils exploitent 450 hectares à eux deux, et ils ont du mal à en vivre. » Francis, céréalier retraité, témoigne de l’évolution négative de la situation. « Je suis content d’être à la retraite, mais je plains les jeunes qui se lancent dans le métier », affirme l’agriculteu­r.

À lui seul, son témoignage illustre la plupart des problèmes discutés depuis juillet dans le cadre des États généraux de l’alimentati­on lancés par le président Emmanuel Macron : fragilité financière des exploitati­ons liée à la volatilité des marchés, aux diktats de la grande distributi­on, ou aux aléas climatique­s, et difficulté de s’adapter à la transition écologique en cours. « Depuis la dernière réforme de la Politique agricole commune, en 2014, nous sommes obligés de réserver des surfaces dites “d’intérêt environnem­ental”.

Nous y cultivions des protéagine­ux (pois) car ces cultures sont bonnes pour les sols », explique l’agriculteu­r. « Mais maintenant, on nous interdit de traiter ces surfaces. Il va donc être difficile de cultiver quoi que ce soit dessus. »

En revanche, dans le Nord, la tendance est à l’inverse pour la betterave à sucre: « Depuis la levée des quotas sucriers cette année, les industriel­s du sucre poussent à augmenter les surfaces de betterave. Nous risquons de faire trop de sucre et de voir les cours s’effondrer, comme cela s’est passé dans le lait en 2015 », avertit cet homme au sourire désabusé.

« Lorsque M. Pisani était ministre (de 1961 à 1966), le mot d’ordre était clair, il fallait produire et faire en sorte que la France soit autosuffis­ante pour sa nourriture. Aujourd’hui, on a du mal à comprendre ce qui faut faire » résume-t-il

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