Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron

Du concret

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Emmanuel Macron aura marqué sa différence par rapport à ses devanciers en parlant de concret plutôt que de chercher des effets de styles bien abstrait pour le commun des mortels.

Pas d’esquives et pas de grandes promesses, comme autant de piques régulières lancées à ses prédécesse­urs. Professora­l sur l’économie, le chômage ou la diplomatie, il a surtout voulu rassurer les Français, se décrivant comme l’un d’entre eux, aux racines à Amiens et dans les Hautes-Pyrénées, et voulant leur permettre de se hisser, notamment avec l’appui des meilleurs. Refusant la jalousie de la réussite, "passion triste de la France", il veut miser sur l’intelligen­ce collective et le dialogue. Et pour éviter l’écueil du "Président des riches", il se recentre sur la formation, les retraites ou même l’intéressem­ent des salariés.

Emmanuel Macron a donc cherché à être concret, évoquant "les yachts" et "les lingots d’or", utilisant une image aux allures de grosse ficelle : les "premiers de cordée". Pas facile quand, par essence, les dossiers sont complexes et techniques.

À l’arrivée, qui aura-t-il convaincu ? Sans doute ceux qui croyaient déjà en lui. Car il y a fort à parier que l’interview de dimanche rejoigne la longue liste des sorties présidenti­elles qui ont fait pschitt. L’on ne juge plus une politique à des mots, mais à ses résultats. Notamment sur l’évolution de cette fameuse courbe du chômage qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tous les présidents. Emmanuel Macron mise sur une baisse. Mais dans deux ans.

Finalement, le chef de l’Etat, qui maîtrise l’art de la séduction et de la dialectiqu­e, s’est sorti avec brio de l’exercice. A-t-il pour autant convaincu et, notamment, rassuré la frange gauche de sa majorité ? La ligne suivie demeure plus que jamais celle d’un libéralism­e assumé dans lequel l’individu est invité à faire preuve de responsabi­lité et d’autonomie, le rôle de l’Etat consistant à l’armer pour qu’il trouve ou retrouve une place dans la société. "En même temps qu’on libère, on protège", a-t-il martelé comme pour prévenir que Macron fera du Macron jusqu’au bout. C’est-à-dire jusqu’au terme du mandat que lui a confié le peuple souverain. Quitte à verser parfois dans l’autosatisf­action. "Sur tout, je fais ce que j’ai dit", a-t-il souligné, sûr de lui. Son job, ce pour quoi il été élu, c’est de "transforme­r profondéme­nt le pays" et il n’a pas l’intention de se laisser distraire par les sondages ou les critiques.

Au final, pour celles et ceux qui, par avance, étaient décidés à lui attribuer la mention très bien, comme pour celles et ceux qui, avant de commencer, savaient déjà qu’ils seraient déçus, l’entretien télévisé n’a rien appris, ni rien apporté.

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