Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Les oubliés
Dans les journaux, à la radio, ou à la télé on nous informe de tous les droits sociaux réservés aux autres. Certains se scandalisent de constater tous les avantages offerts à une catégorie de citoyens qu’ils considèrent comme des fainéants professionnels alors que ceux – comme eux - qui travaillent dur ont tant de mal à joindre les deux bouts. La grande majorité des autres se sentent rassurés : s’ils leur arrivait malheur ils seraient soutenus… Peut être… ou peut-être pas. Car le système oublie de plus en plus de monde. Mathilde, mon amie d’enfance, n’a jamais eu beaucoup de chance. Elle a travaillé dur tous les jours de sa vie pour son compagnon et ils ont fini par se marier. Beaucoup plus âgé qu’elle, il a quitté cette terre quelques mois avant le délai qui aurait permis à Mathilde de toucher une retraite de reversion. Elle a travaillé sans salaire, elle ne touchera donc pas grand chose. Elle n’a droit ni au RMI, ni à la CMU étant propriétaire d’une maison dont elle a d’ailleurs du mal à assumer les réparations vitales. Elle s’est résolue à aller consulter un professionnel social qui l’a très mal reçue car elle n’avait pas l’apparence de la miséreuse qu’elle est devenue. Elle a été jugée trop élégante avec des « signes extérieurs de richesse » suspects. Un mauvais point pour l’étude de son cas. Mathilde est très à cheval sur la politesse, notamment celle qu’on doit aux autres de se présenter toujours au mieux. Contrairement au proverbe, l’habit fait bien le moine. Et de plus en plus dans le monde d’aujourd’hui.
Mathilde - qui ne manque pas d’humour - lorsqu’on lui a répondu qu’elle ne pouvait attendre aucune aide parce qu’elle était propriétaire, d’une part et que, d’autre part, elle ne paraissait pas ce qu’elle prétendait être, a demandé si les services sociaux, pour les cas désespérés comme le sien, fournissaient tout de suite de quoi se suicider, ou bien s’il fallait s’inscrire sur une liste d’attente.