Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Hérault
Une première : des “frappes” chirurgicales sur le maïs
Sylvain Pradal, un Jeune Agriculteur d’Occitanie vient de réaliser une première sur ses terres. Habilement secondé par Benoit Lacaze, concepteur- formateur, l’agriculture de demain prenait son envol. Il faut viser juste. Instantanément, le drone fendait l’air à quelques encablures du poste de commande. Puis, larguait avec une précision chirurgicale des guêpes trichogrammes, inoffensives pour nous, mais sans pitié contre la pyrale du maïs. Nous parlons d’une culture raisonnée à l’aide d’insectes tueurs. Le biocontrôle débarque dans les exploitations.
Une méthode sans insecticide accompagne les faveurs du repreneur de la ferme familiale depuis 2014 : “Je suis exploitant agricole en polyculture; tournesol, colza, luzerne, blé... et l’élevage de bovins pour la boucherie. La reprise s’est faite au départ en retraite de mon père”. Avec une aspiration à se diriger vers le bio. “Oui, pas forcément par conviction mais je pense à la planète. Donc, une opportunité s’est présentée avec les trichogrammes. Ce sont des micro-guêpes que nous larguons sur le champ. Elles ont vocation à manger les larves de pyrales, celles du maïs étant différentes du buis.”
Une opération très spécifique
“En ouvrant la capsule, si vous observez les trichogrammes bio au microscope, vous les voyez s’agiter avec leurs ailes; ce sont des organismes vivants.” Une méthode particulière que l’on peut qualifier de préventive. “Nous sommes sur un fonctionnement préventif. Dans le sud-ouest nous avons des vols de pyrales, un ravageur, qui aura un impact sur le rendement de la culture sous toutes ses formes. On peut envisager le traitement par tracteur, mais en cette période de l’année c’est impossible; le maïs étant trop grand pour le passage. On peut le faire, également, manuellement avec des plaquettes. Ici pour 7
Lhectares, le vol de drone va durer environ une heure.
A la main, il aurait fallu compter la journée...
... Nous sommes gagnants et il n’y a pas de consommation de carburant.” L’efficacité est validée, explique-t-il. “Ce système existe depuis un certain temps, mais il ne s’est pas développé sur notre secteur. Je vais essayer en tant que Jeune Agriculteur d’amener ça aux autres exploitants. Nous on parle d’écologie, mais aussi d’économie.” Une démarche qui tient compte des problèmes sociétaux et environnementaux. “C’est important et il faut lier l’écologie avec l’économie. On parle de culture raisonnée en gardant du rendement. Financièrement, cela devrait s’équilibrer car le tracteur est consommateur de pétrole et le drone plus économique avec moins de pollution”, confirme Sylvain
Pradal.
“La période de test est passée et nous sommes opérationnels.”
explique Benoit Lacaze, responsable d’ AIRVOLIA – EF Drone. “Nous, c’était en rapport avec l’écoute de Sylvain sur le coût d’exploitation et autres. Toutes les machines que l’on peut trouver actuellement sont très chères et viennent d’Allemagne. Nous sommes un centre de formation, mais nous avons développé une entité pour la création de machines spécifiques. Aujourd’hui, entre les réglages et l’opération en elle-même, il fallait compter environ deux heures.”
Alors, une opération d’épandage ou de largage ?
La réponse du chef d’entreprise ne se fait pas attendre. “Moi, j’utilise plutôt le terme de largage en raison de la précision. En fait, on largue car la bille tombe par gravité, si je puis dire.” Sylvain Pradal reprend immédiatement. “Tenez, un exemple... Une personne passait tout à l’heure à vélo. Nous étions sept ou huit au bord du champ et quand on lui a dit que c’était un épandage; il a tout de suite pensé au phytosanitaire.”
Un drone aux capacités multiples
Le concepteur confirme les capacités de sa machine électrique agréée par la direction générale de l’aviation civile : “Elle fait cinq choses en même temps, donc le même nombre d’outils à disposition, dans des domaines variés du largage à la pulvérisation... Soit, différents types de traitement en agricultures et autres domaines. Mais, nous souhaitions avant tout développer un drone fiable, durable et à la portée de l’agriculteur”.