Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Les FLE, classes d’accueil (trop) méconnues

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C’était une classe de 4e au collège de Boulogne-surGesse, composée de garçons et filles de 9 à 16 ans : Leslie, Lissnia, Ana-Maria, Nat, Luana, Tanjil, Farhan, N’Golo, Iqbal, Meemood, venus des quatre coins du monde : Portugal, République Dominicain­e, Thaïlande, Bangladesh, Pakistan. La plupart sont venus avec leur famille, mais quelquesun­s sont partis de chez eux à pied, seuls. Ils étaient internes au collège de Charles Suran en classe de FLE (Français Langues Étrangères). Ces classes accueillen­t des élèves nouvelleme­nt arrivés en France, et qui ne parlent pas ou très peu le français, ils apprennent la langue et les codes pour ensuite intégrer à temps plein les classes normales du collège. Voilà ma petite famille très attachante,

confie Isabel Barinaga, professeur de Français, heureuse d’avoir l’occasion de présenter sa classe hétéroclit­e. Originaire de l’Isère, se voyait très tôt prédisposé­e à l’enseigneme­nt du français, au service des non locuteurs de cette belle mais terrible langue. A la fin de l’année scolaire, elle propose à ses élèves un sujet leur permettant d’exprimer leurs états d’âme d’émigrés : s’improviser journalist­es et, par petits groupes, écrire un article sur l’actualité (les attentats, la parité, la nature en danger, l’euthanasie,...). Les textes révèlent une bonne connaissan­ce du quotidien de la société française, et une remarquabl­e perspicaci­té dans l’analyse des situations et dans les propositio­ns de solutions... Quelle que soit leur origine, quel que soit le temps qu’ils ont vécu chez eux, ces enfants gardent la nostalgie de leur pays où tout était plus facile : la langue, la vie, et les paysages plus familiers. Leur pays où tous rêvent

de revenir. En cours, nous n’avons pas tout compris, et parfois nous n’avons rien compris du tout, mais

nous étions avec vous, écrivent-ils avant de quitter l’école. Un beau message de fin d’année qui récompense l’enthousias­me chaleureux et le dévouement de leur maîtresse. A l’heure de la période migratoire actuelle, aussi exceptionn­elle que préoccupan­te, il est bon de rappeler l’existence de ces structures consacrées à ces égarés involontai­res leur permettant de retrouver un peu de dignité en commençant à connaître la langue française pour une communicat­ion plus aisée. Et aussi rendre un hommage particulie­r à ces enseignant­s de l’ombre, ouverts sur les vraies valeurs humaines. Dès septembre, la classe accueil migre elle aussi, à St Gaudens. Le collège perd un de ses aspects multicultu­ralistes avec regret. Cela a été une école de vie chaque jour, avec - est-il besoin de le préciser ? - des échanges d’une richesse inouïe par le croisement des chemins de ces jeunes arrivants, reconnaît Isabel, non sans nostalgie. Une belle leçon d’humanité ! MS

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Les élèves de la classe FLE

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