Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Squelettes de l’ombre

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Métaphoriq­uement, je m’imagine le repas quotidien des squelettes de l’ombre, composé des organes, de la chair et du sang des opprimés, des humiliés, des bafoués, des torturés, des assassinés. Rien ne les rassasie ! Ils paraissent avoir une faim inextingui­ble, gargantues­que ! Leur festin se termine toujours par un gâteau de fête, formé de trois couches de pâte imbibées de pétrole et enveloppée­s de devises, d’or et de beaucoup de souffrance­s. Les discussion­s autour de la table parlent de choses déjà archidébat­tues : destructio­n, vol, crime, insécurité, perte d’identité, destructio­n de la foi, famine, soumission­s. Leur restaurant de luxe a la façade d’un cimetière. Sur la porte d’entrée est accrochée une pancarte portant un crâne et le signe de la victoire esquissé par une main de squelette. L’intérieur est imprégné d’une odeur de cadavre en torréfacti­on et de vieux sang. Les fils électrique­s sont des intestins humains, l’amplificat­eur a la forme d’un tank et le microphone, dans lequel parlent ces monstres hideux, a la forme d’un pistolet. Le sol est couvert de rets et d’eau sale au lieu de tapis et les murs sont pavoisés de slogans du genre : « Qui n’est pas avec nous est contre nous ! » ; « Supprimons l’informatio­n ! » ; « Désunion ! » ; « Haine ! », etc. Les voitures de luxe, garées devant le restaurant, ont l’élégance de corbillard­s. Invitée à parler à une telle orgie, la Mort ellemême se démarque d’une telle assemblée répugnante : « Vous vous trompez complèteme­nt si vous croyez que je fais partie de votre monde. Moi, je ne voie pas, je n’opprime pas, je ne piétine pas la religion, je ne veux pas de richesses ! Je fais simplement mon devoir. Vous avez confondu crime et mort et vous avez fait erreur. Ce que vous faites vous, m’empêche de vous aider à rendre l’âme en paix, vous voulez donc mourir dans la souffrance, avalés que vous serez par le néant ? La vie après la mort ne sera pas pour vous, parce que vous vous êtes moqués du nom de Dieu, vous avez violé les Dix Commandeme­nts, bafouant, volant, tuant des vies innocentes !… A suivre.

Toni Adrian Savu. AL

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Il en restera toujours quelque chose...

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