Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Discrimination
Si notre amie Mathilde est très à l’aise avec les nouvelles technologies, il n’en est pas de même avec la plupart de ceux de sa génération. Et alors qu’on encourage les retraités à conserver leur autonomie, paradoxalement, la marche forcée de notre société vers le «tout numérique» les confronte à des situations sans solution pour eux. Si vous voulez acheter un billet de train, on ne vous proposera au guichet que le seul tarif maximum. Les bonnes affaires ne sont accessible que par une réservation sur internet. Toutes les démarches administratives se «dématérialisent» à grande vitesse. Impôts, droits sociaux, réclamations... Les disparités sont à la fois géographiques, générationnelles et sociales. S’équiper en informatique représente une dépense lourde pour un petit budget. Et même si on peut s’offrir ce luxe, il faut apprendre à s’en servir. Ce qui n’est pas toujours évident pour des personnes d’un grand âge qui redeviennent dépendantes du bon vouloir d’autrui. Dans la perspective si chère à nos élus lorsqu’il sont en campagne électorale, il conviendrait de susciter et de soutenir les initiatives pour améliorer la qualité de vie de nos aînés en créant des lieux avec des ordinateurs et des médiateurs pour permettre aux personnes en difficulté d’acquérir cette pratique. D’autre part on devrait être libre de ne pas avoir d’ordinateur. Et l’obligation de maintenir un contact humain et de qualité dans les administrations devrait être considéré comme un devoir d’accompagnement. Jacques Toubon, défenseur des droits, exige cette alternative humaine à la numérisation. Il évalue à plus de 20% la proportion des personnes victimes de cette discrimination à l’accès aux droits. Dans 40% des cas, un appel téléphonique pour demander un renseignement à une institution renvoie au site internet. En bref, il faut certes multiplier les points d’accueil pour informer ces laissés pour compte, mais aussi leur garantir la possibilité de choix. Si vous êtes victime de ce rejet technologique, vous pouvez trouver dans votre entourage un jeune qui se fera un plaisir de vous initier. Sinon, vous pouvez faire appel à Mathilde qui ne refuse jamais de partager ses lumières dans ce domaine.