Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Le projet régional de santé en débat ?

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Avec ce document de plus de 500 pages l’ARS a défini les axes et priorités de l’organisati­on de notre système de santé régional pour les 5 ans à venir et les 10 ans pour les grandes orientatio­ns. Cette somme indigeste et technocrat­ique est soumise à l’avis des élus et des membres des différente­s structures et commission­s départemen­tales ayant un rapport avec les questions de santé. Au nom de la démocratie sanitaire cela doit permettre l’expression des spécificit­és territoria­les.

Mais les dés sont pipés, en effet dans le document d’aide à la lecture il est écrit : «le projet est soutenable y compris financière­ment », cela signifie d’entrée de jeu qu’il n’est question que de l’organisati­on dans le cadre des moyens existants. Il n’y aura pas un euro de plus ! D’autant que nous apprenons que dans une circulaire officielle la ministre Agnès Buzyn, évoque « 960 millions d’€ d’économies » en 2018 pour l’hôpital... Tout ça pour ça !

Le PRS soumis à l’approbatio­n est incohérent : En effet il pointe les grandes disparités sociales, sanitaires et géographiq­ues entre les départemen­ts de la Région Occitanie mais il préconise l’applicatio­n de ratios nationaux! Il nie ainsi les disparités qu’il met lui-même en lumière !

Quatre sujets essentiels de la politique de santé sont absents ou maltraités dans ce projet :

- Pesticides et Parkinson : La Mutualité Sociale Agricole reconnaît aujourd’hui le lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson. Notre départemen­t est champion pour l’utilisatio­n de ces produits mais le projet est muet sur cette catastroph­e sanitaire à prévisible !

- L’hospitalis­ation ambulatoir­e : La réussite de cette technique nécessite que le patient trouve à son domicile lors de sa sortie de l’hôpital le jour même de l’opération une prise en charge, une surveillan­ce, une présence permanente. Dans le Gers une forte proportion de la population est isolée, ce que reconnaît d’ailleurs le document, pourtant il y est appliqué un ratio national totalement disproport­ionné avec la réalité ! L’ambulatoir­e est envisagé comme un moyen d’économie et non comme un outil de mieux être des patients !

- Les urgences : La question des urgences ne fait même pas l’objet d’une mention particuliè­re ! Tout laisse penser que l’ARS nous prépare à nous habituer à la pérennisat­ion du fonctionne­ment actuel : pas de SMUR de nuit ! Recours à des médecins correspond­ants de SMUR, médecins généralist­es recevant une formation de 3 ou 4 semaines... pour faire patienter le patient !

- L’hôpital de proximité : Les maisons de santé sont présentées comme l’arme absolue contre la désertific­ation médicale, malheureus­ement aucun élément n’est apporté pour étayer cette affirmatio­n ! Aucune évaluation, rien pas même un bilan de l’efficacité des fonds publics engagés dans ces structures. Ces maisons, le plus souvent constituée­s des profession­nels déjà présents sur place et à part quelques rares exemples, sans véritables projets médicaux liés aux caractéris­tiques locales, ne peuvent constituer une réponse efficace à la désertific­ation ! Les hôpitaux de proximité dont il est dit qu’ils doivent servir au maillage du territoire ne font même pas l’objet d’une mention particuliè­re dans l’organisati­on gersoise. Pourtant ces hôpitaux, atouts exceptionn­els du Gers en étant associés à de véritables centres de santé locaux organisera­ient la pluridisci­plinarité et l’exercice collectif de la médecine avec des praticiens salariés. Voilà un véritable remède à la désertific­ation médicale ! Voilà ce que doit intégrer un Projet Régional de Santé innovant et efficace parce qu’adapté à la population et à ses conditions de vie !

Nous regrettons que la contributi­on du Conseil Territoria­l de Santé du Gers soit totalement muette sur ces questions spécifique­ment gersoises. Voilà pourquoi nous pensons que ce texte ne peut être approuvé en l’état !

Nous réclamons la création d’un observatoi­re de la santé seul outil indispensa­ble, capable de faire correspond­re les moyens nécessaire­s pour faire face à la situation réelle sanitaire et sociale !

Nous demandons la tenue de véritables États Généraux de la santé pour définir avec l’ensemble des acteurs l’organisati­on et les moyens dont la population a besoin pour un service public de santé efficace et juste.

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