Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Anthropocène avez-vous dit ?
Encore un nouveau mot direz-vous ? Qu’est-ce que l’anthropocène ? Ce terme est construit comme ceux de sa famille géologique, entre autres : le pleistocène, l’oléocène, le 1er étant la période de glaciation que connût notre terre. L’anthropocène, serait une autre période, la dernière née, qualifiée ainsi car l’homme (anthropos, en grec) serait l’auteur et la cause de la modification significative de notre planète, son entrée dans une autre ère géologique. Ce mot fut forgé par les historiens de la nature et les géologues autour des années 1980 pour souligner l’importance des conséquences des activités intenses de l’homme sur la nature à tel point qu’il la modifie et la met en danger. Nouvelle période géologique, l’anthropocène est qualifiée de « Grande accélération » commencée « dans un passé récent1» écrit Bruno Latour. Accélération du compte à rebours de l’épuisement des ressources naturelles et, conséquence logique : la mise en danger de la survie de l’humanité. Mais alors que les périodes géologiques se déroulaient d’elles-mêmes, l’anthropocène est déclenchée et provoquée. Par qui, par quoi, comment ? Multiples causes ou fautes ? Réponse : l’homme et ses activités de toutes sortes, d’exploitation, consommation, surproduction. Tout travail (agraire, industriel ou de secteur tertiaire), toute communication (voyages, téléphonie, antennes et câbles de transmission), tous les loisirs de base ou de luxe ont pour conséquences les modifications des éléments fondamentaux de la nature : eau, air, oxygène, hydrogène, oxyde de carbone, réchauffement des mers, acidité des océans, irrégularités ou permanences du climat. L’être humain a des besoins, mais il les démultiplie. Les intensifiant, il dénature la nature au risque de l’épuiser. L’exploitation de la planète devient problématique par absence d’excédents, de surplus ou de modifications des mouvements et évolutions de la nature. Concernant les éléments fondamentaux dont les hommes ont besoin pour survivre, certains arrivent à exténuation, manque ou dégradation, comme l’eau, l’air. L’homme du XXIe siècle est bien plus que prédateur, il est destructeur de son milieu. Le détruisant il met en péril sa propre survie. A tel point qu’un équilibre entre l’homme la terre et l’univers est à trouver pour préserver les richesses naturelles et garder un avenir pour les générations futures comme le philosophe Hans Jonas rappelle dans son livre Le Principe de responsabilité (1). L’homme n’est que le gardien et le gérant de la planète non le propriétaire (2). Produire sans détruire est-ce possible ? Exploiter en faisant fructifier non en épuisant ou anéantissant telle serait la vraie géo - ingénierie « responsable » (3) .
1) Bruno Latour Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique. Ed. La Découverte. Paris 2015.
2) On peut lire du même auteur Une éthique pour la nature. Ed. Desclée de Brouwer 2000.
3) Retrouvez cet article et les autres sur le site : http://dujardin.over-blog.com