Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Mes chers voisins
Mathilde habite dans la maison où elle est née et qui abritait déjà ses parents et avant eux les grands-parents. Elle pensait entretenir les meilleures relations avec ses plus proches voisins à qui elle rend très souvent de nombreux services. Quelle n’a pas été sa surprise de recevoir une lettre recommandée de la mairie lui signalant qu’un arrêté de mise en péril imminent avait été pris contre elle. Un coin de mur donnant sur le jardin de ses voisins présenterait une fissure et un morceau de crépi pourrait tomber dans un coin inaccessible et peu fréquenté de la pelouse. Sa lettre à la main et complètement retournée, elle alla sonner chez ses voisins. Ils lui expliquèrent,très gênés, que leur jardinier avait signalé l’anomalie deux mois plus tôt et qu’ils avaient donc fait des démarches auprès de l’administration. Ils ne surent pas répondre à la question de Mathilde : « Pourquoi n’êtes-vous pas venus me le dire directement ? De chez moi, je ne pouvais rien déceler ». Les regards étaient fuyants et les mines embarassées.
Au-delà des complications et des ennuis que cette mise en demeure ne manqueront pas d’entraîner, ce que Mathilde n’arrive pas à accepter, c’est cette fourberie de la part de personnes qu’elles croyaient bienveillantes et avec lesquelles elles pensait entrenir des relations de la plus grande cordialité, depuis plus de quarante ans. Et puis certaines attitudes, des paroles peu aimables, des critiques faites sur le mode de la plaisanterie lui reviennent à la mémoire. Et elle est obligée de reconnaître que depuis toutes ces années elle a entretenu, bien malgré elle, l’envie et la jalousie de ces personnes. Et c’est surtout de cela dont elle ne se console pas.