Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Moissons traditionnelles en Gascogne d’antan
Faisons un saut à la fin du XIXème siècle dans nos campagnes du Gers, à l’époque des moissons. De très petites exploitations, un travail manuel total et beaucoup de main d’oeuvre, y compris celle des jeunes enfants animaient le quotidien.
A l’époque de mon arrière grand-mère, rien n’avait changé depuis des siècles, blé était coupé avec les mêmes faucilles au manche en bois et à la lame recourbée. Les voisins s’étaient regroupés, et partaient aux champs en chantant, musette en bandoulière. Ils s’alignaient à la bordure du champ et avançaient en ligne, posant à terre leurs javelles coupées. Les mouvements se répétaient ainsi pendant 13 ou 14h. Ils rentraient fourbus, dégoulinant de sueur, les vêtements collant à la peau des hommes et des femmes.
Puis il fallait confectionner les gerbes ; sur les liens en tiges de seigle étalés au sol, on posait des javelles et on faisait des noeuds. Les enfants participaient grandement, apportaient leur brassée, puis allaient se désaltérer à la fontaine sous le saule. Les plus grands repêchaient une bouteille de rouge qu’il avaient mise au frais dans la même fontaine. Les gerbes étaient ensuite chargées à la fourche sur la charrette tirée par les boeufs. Quand une charrette penchait, tous les hommes se mettaient du même côté et la soutenaient à l’aide de fourches ; on entendait quelques craintes : «Boudiou, que se la ban bira!» (Boudiou, ils vont se la renverser!). L’obstacle étant passé, des soupirs étaient poussés. Ils construisaient alors artistiquement la gerbière, château de gerbes, épis vers l’intérieur, tiges vers l’extérieur ; sur l’édifice, la maîtresse de maison disposait d’après la tradition, des oignons, du laurier béni le jour des rameaux et une croix, pour protéger la récolte jusqu’au battage!
A la clôture des moissons, un repas festif était donné à la ferme ! (à suivre)
Chronique FÊTES ET TRADITIONS GASCONNES à retrouver tous les 15 jours