Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Une équipe créée pour le bon usage des antibiotiques
Jeudi dernier, l’Equipe Multidisciplinaire d’Antibiothérapie (EMA32) mise en place en avril 2023, présentait à l’hôpital d’Auch son action sur le département.
Cette équipe dirigée par Eric Bonnet, coordonnateur du CRAtb (Centre Régional en Antibiothérapie) et composée de médecins et d’infectiologues, a pour mission de travailler avec l’ensemble des établissements de santé, médico-sociaux sur le bon usage des antibiotiques et la prévention de l’antibiorésistance. Car le sujet est d’un enjeu de santé publique majeur. L’OMS le dit, en 2050, les infections liées aux bactéries seront la première cause de mortalité dans le monde. Constat peu glorieux, la France est championne d’Europe de consommation d’antibiotiques et on s’aperçoit qu’il y a corrélation entre la consommation et la résistance aux bactéries.
Eric Bonnet l’explique : «Nous sommes face à des bactéries de plus en plus résistantes avec une variation selon les régions, les établissements de santé ou les
Ehpad. Il y a de plus en plus de résistance aux pneumocoques et Escherichia Coli avec 50% de cas pour les staphylocoques en Ehpad. Voilà un an que l’EMA travaille sur la bonne pratique des prescriptions. 92% sont faites en médecine de ville, 15% en milieu hospitalier et 12 à 13% en cabinet dentaire et la plupart sont mal adaptées». Le docteur Ancellin infectiologue témoigne : «J’ai des collègues qui me parlent de patients qui consultent plusieurs médecins pour avoir des antibiotiques. Il faut être conscient qu’on peut mourir de cette résistance des bactéries aux antibiotiques». Pourtant, pour les
angines, il existe les TROD (Tests Rapides d’Orientation Diagnostic) qui permettent de savoir en 5 minutes s’il y a une bactérie qui va conduire à une antibiothérapie ou non. Mais les médecins ne l’utilisent pas assez.
Pour mener à bien cette mission auprès des personnels de santé, des référents ont été nommés avec une stratégie : limiter et rationaliser le recours à l’antibiothérapie et faire en sorte que les traitements soient plus courts. En un an, l’EMA a été sollicitée pour 350 avis et 49 spécialistes ont été formés.
Mais les pharmaciens ne sont pas assez demandeurs.
Un numéro d’appel a été mis en place pour des avis urgents. Christian Laffargue, directeur des affaires médicales de l’hôpital d’Auch, se dit satisfait de la création de cette équipe qui, par son action, permettra de répondre aux questions d’immunothérapie qui étaient inexistantes jusqu’à présent. Et comme le dit Eric Bonnet, «on est dans une région où la consommation d’antibiotiques est la plus élevée avec une population âgée. La tendance est à la surconsommation alors l’autre priorité est aussi d’éduquer le grand public».
ON PEUT MOURIR DE LA RÉSISTANCE DES BACTÉRIES AUX ANTIBIOTIQUES