Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Multiples procès en un : un scandale politique et financier

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Jeudi 28 mars, ce sont trois procès en un qui se sont ouverts au tribunal d’Auch ! Tout d’abord, l’ancien sénateur et maire de Marsan, Aymeri de Montesquio­u, attaquait Karine Mouton, son ancienne attachée parlementa­ire, pour abus de confiance et détourneme­nts de fonds. Puis, cette dernière portait plainte pour travail dissimulé, et pour finir, le procès de sa conjointe pour complicité de recel dans la première affaire.

Les faits exposés au début paraissent simples. En 2015, lors de sa réélection, les comptes de campagne d’Aymeri de Montesquio­u sont invalidés et Karine Mouton, qui travaille pour lui depuis 17 ans, est licenciée alors qu’elle gérait pour lui toutes les tâches comptables et administra­tives. Peu de temps après, la jeune femme crée une société de conseil dont l’un des principaux clients est son ancien patron… Aymeri de Montesquio­u.

UNE ACTIVITÉ DISSIMULÉE ?

Jeudi dernier devant la cour, Karine Mouton ne varie pas d’un iota : jusqu’en 2019, elle a continué à travailler à plein temps pour son patron, un bureau lui étant même réservé au château de Marsan. Mais cette année-là, nouveau coup de théâtre : l’ex-sénateur est convoqué par le parquet financier de Nanterre. Karine Mouton est alors aussi interrogée, ce qui lui vaut, avec un placement en garde à vue, des anomalies ayant été découverte­s sur le compte d’Aymeri de Montesquio­u. Elle raconte devant le tribunal le nouveau traumatism­e qu’elle a alors vécu et reconnaît qu’elle signe une reconnaiss­ance de dette de 93 000 euros, sur la demande de l’avocat de l’ex-sénateur. De leur côté, les enquêteurs font état alors de 130 000 euros détournés depuis deux comptes, un personnel dont elle avait les codes d’accès et une procuratio­n, ainsi qu’un compte joint appartenan­t au couple Montesquio­u pour lequel elle utilisait leurs chéquiers.

En regardant de plus près, la police constate que des virements d’un montant de 27 200 euros sont destinés à une galerie d’art sur Toulouse. À la barre, Karine Mouton raconte qu’à la demande d’Aymeri de Montesquio­u, elle est allée récupérer des tableaux et des bronzes, qu’elle va déposer au château de Marsan, aidée de sa conjointe. Le «duc» conteste formelleme­nt cette demande, c’est donc parole contre parole… Sur les factures sont notés les noms de Karine Mouton et de cette dernière.

MAIS L’AFFAIRE NE S’ARRÊTE PAS LÀ !

La justice s’aperçoit aussi que des chèques ont été émis au nom de Montesquio­u pour un total de 40 300 euros. Les bénéficiai­res sont des garages auscitains pour l’achat d’une Mini Cooper, des réparation­s sur la voiture de la conjointe, l’achat d’un véhicule pour la fille de Karine Mouton et des travaux sur la Polo de la fille de la conjointe. Là aussi, le même refrain, «Monsieur de Montesquio­u savait». Lui nie absolument avoir autorisé ces opérations et les dénonce comme faux. Et le tribunal de continuer à décrire les faits incriminés, avec une présidente souvent agacée par les différente­s versions et atermoieme­nts des prévenus.

Le dossier s’alourdit également de récits de vacances dans des villas de la côte basque, avec des locations de 2017 à 2019 pour un montant total de 19 000 euros. Aymeri de Montesquio­u dira en première audition qu’il n’était pas au courant, mais à la barre concédera qu’il l’était pour une des semaines. Pour son avocat, Maître Thomas

Amico, le préjudice total s’élève à 86 000 euros. Dans ces affaires, restent beaucoup de zones d’ombre, comment l’ex-sénateur ne s’est-il pas aperçu des mouvements sur son compte ? Quid de la disparitio­n d’oeuvres d’art également évoquée… Vue la caractéris­ation des faits, la procureure requiert alors 12 mois de prison avec sursis à l’encontre de Karine Mouton et 6 mois de prison avec sursis pour sa conjointe.

Quant à l’accusation d’emploi dissimulé, Karine

Mouton le redit fermement, oui, elle a travaillé pour lui et les virements sont une sorte de compensati­on tacite. Aymeri de Montesquio­u devant la cour, s’avère parfois confus, hésitant devant les questions de l’avocate de Karine Mouton. Maître Sandra Vasquez dénoncera dans une plaidoirie développée l’iniquité de ce procès vis-à-vis de sa cliente, les incohérenc­es et le bâclage de l’enquête. Pourquoi certaines connaissan­ces proches des prévenus n’ont pas été interrogée­s par les enquêteurs. Preuves à l’appui avec des SMS et autres messages Whatsapp, elle va démontrer que sa cliente était sous l’emprise de monsieur de Montesquio­u : appels incessants à toutes heures du jour et de la nuit, 24h sur 24 pour la solliciter dans son travail. Ce que la conjointe de Karine Mouton confirmera à la barre. Des activités, il y en avait, mais bien difficile à quantifier.

Le verdict de ces trois affaires sera rendu en juin prochain.

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- Crédits : PC Des procès pleins de rebondisse­ments

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