Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Paul Féart, un préfet trop méconnu
Né en 1817 dans les Ardennes, fils de notables, il est, dès sa majorité, décidé à intégrer l’administration préfectorale. «À l’époque», explique Laurent Marsol, «on se formait sur le tas, il n’y avait pas une grande école comme l’ENA». Après divers postes de secrétaire de préfecture, sous-préfet d’Oloron, de Prades et de Reims, voici Paul Féart nommé en 1852 préfet du Gers. Nous sommes sous la IIIe République, les pouvoirs préfectoraux sont immenses : nomination et révocation des maires, des fonctionnaires, des garde-champêtres ou des gérants de débits de boisson. Sa mission principale sera de faire cesser l’insurrection républicaine du 4 décembre 1851. 6000 gersois qui avaient convergé par l’ancienne rue de l’Oratoire (aujourd’hui rue Victor Hugo) se sont retrouvés face à des hussards. Bilan, 3 morts parmi ceux-ci. 300 insurgés furent jugés et 250 déportés vers Blida en Algérie. Quelques dizaines revinrent amnistiés par Napoléon Bonaparte. Une répression forte mais qui fut une manière pour Paul Féart de montrer sa loyauté envers ce nouveau régime monarchique.
Cependant, celui qu’on surnomma «le préfet des agriculteurs» sut, avec doigté, s’attirer les bonnes grâces du monde rural puisqu’il relança les comices agricoles qui récompensent les meilleures races animales. C’est aussi lui qui, pour aider les démunis, donna l’ordre de transporter des dizaines de tonnes de pommes de terre et d’inciter les maraîchers à en poursuivre la culture. Mais c’est sur le plan architectural que Paul Féart laissa son empreinte. Émule de l’intendant d’Etigny au 18e siècle, il entreprit la construction du Palais de justice et de la prison, fit réaménager la place du Foirail et déplacer le cimetière. L’escalier monumental fit aussi partie des grands travaux de son mandat. Autre progrès notable, l’introduction de l’éclairage public au gaz. Au bout de 6 ans, le préfet fut muté en Ille-etVilaine avec la mission de superviser la visite officielle de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie. Une vie à découvrir lors de la conférence que donnera Laurent Marsol le 28 avril à 15h à l’abbaye de Flaran.