Le Petit Journal - L'hebdo local du Lot

Crime contre toutes les femmes

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Elle est belle comme un soleil. Comme sa mère. Comme son aînée et sa cadette. Comme son frère. Elle a juste vingt ans. Elle réussit mieux que bien dans des études universita­ires longues et difficiles a priori fermées aux femmes. Elle occupe ses loisirs à travailler pour payer ses études car ses parents n'ont pas de gros salaires et il y a trois autres enfants à établir. Elle chante, fait du sport. Elle vit sa première histoire d'amour et ils font plaisir à voir ensemble. Et alors ? Il n'y a rien à raconter : le bonheur, chacun le sait, n'a pas d'histoire. Rien jusqu'à ce jour où, au volant de sa voiture elle a doublé un autre véhicule. Le monsieur n'a pas apprécié. Riposte par geste trop significat­if. Le monsieur a encore moins apprécié (pourra-ton le qualifier encore de « monsieur » à la fin de l'histoire ?). Il l'a suivie. Poursuivie. Bloquée. Abusée sexuelleme­nt. Voilà la preuve, s'il en était besoin, que certains « messieurs » assimilent vraiment l'engin qui leur sert à se déplacer à celui que la nature leur a placé entre les jambes. Elle est belle comme un soleil mais elle ne savait pas qu'elle avait fait le mauvais choix, en venant au monde, de naître femme. Car certains restent, dans leur mentalité, contempora­ins du Moyen Age où l'on avait convoqué un Concile pour débattre sur le thème : « La femme a-t-elle une âme et peut-elle être considérée comme faisant partie du genre humain ? »

Que dire ? Que faire ? J'ai interrogé un ami psy. Il faut tout faire, d'après lui, pour que le coupable soit retrouvé et puni. Il ajoute qu'il convient d'être disponible, présent auprès de la jeune victime pour la réconforte­r, la rassurer, si elle le demande. Qu'elle ne doit, à aucun moment, se sentir coupable. Et que c'est son père qui sera le plus efficace car il est l'image masculine de référence. Vient ensuite son compagnon qui a été largement à la hauteur de la situation.

Ce qu'on lui a fait, ce sont toutes les femmes qui l'ont subi avec elle. Car toutes sont en danger de vivre la même chose. Parce qu'elle sont femmes. Le malheur est arrivé. Quelque chose s'est cassé qui ne peut pas se réparer. Il n'est pas question de se résigner. Il faut rester révolté et exprimer son indignatio­n. Ce que je fais ici. Le bonheur refleurira car nous n'avons pas affaire à une personnali­té ordinaire. La vie continue. Les épreuves sont là pour nous rendre plus fort, plus proches, plus unis. Et à côté de la noirceur insoutenab­le de quelques uns, l'amour inconditio­nnel d'autres rayonne et nous réconforte encore davantage.

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