Amitié silencieuse

Lorsque son mari est décédé, Mathilde a pu vérifier que ceux qui se disaient les amis du défunt n’étaient pas les siens. Elle s’est retrouvée seule à l’exception de quatre personnes qui l’ont soutenue avec efficacité et discrétion. Dont David. Cet ami véritable est passionné par les arts martiaux et par la Chine. Il travaille depuis de longues années sur les caractères chinois et Mathilde l’aide pour le dessin et la mise en page. Cet échange l’enchante car elle retrouve chez David une exigence presque égale à celle de son époux, dont elle publiait les textes. Ils viennent de terminer une série, entreprise il y a juste un an, et pendant la dernière période David s’est absenté souvent pour des aller retour dans la capitale. Dans le cercle des relations proches, on parle d’un parent malade. David ne l’a jamais évoqué et Mathilde s’est gardée de l’interroger à ce sujet. Leur dialogue - par téléphone ou par mail- qui porte sur des précisions d’exécutions techniques est toujours léger, joyeux et plein d’humour. Après réflexion Mathilde a décidé de nepas prendre l’initiative de poser des questionsaux quelles David doit être confronté trop souvent et de lui préserver cette oasis souriante etlégère dans des moments ou justement ce genre d’occasion se fait rare. L’amitié suppose bien sûr de s’inquiéter pour l’autre et de chercher comment lui venir en aide, mais d’abord de respecter le voeu, même informulé, de celui qui est tracassé et que l’on veut soutenir. Parfois silence ne rime pas avec indifférence mais signifie exactement le contraire.