Le Petit Journal - L'hebdo du Pays Toulousain

Quelle vigne pour demain

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Le changement climatique est déjà perceptibl­e sur la vigne aujourd’hui avec des fruits qui connaissen­t une avancée dans les stades phénologiq­ues, c’està-dire les gourmands, la floraison, la véraison, la récolte. On a des bases de données sur la vigne depuis les années 1940 en termes de qualité du raisin à ce stades.

Les chercheur de l’Inra sont en train de croiser ces données en prenant en compte l’améliorati­on des conduites culturales et de la protection des cultures contre les pathogènes et ils constatent qu’en fonction des régions viticoles, on voit une accélérati­on du cycle de la vigne avec en général deux à trois semaines d’avance par rapport aux années 1970. Même dans le Jura, c’est un peu plus mûr, moins acide, plus aromatique et beaucoup plus qualitatif.

La bonne nouvelle est que l’on se dirige vers une améliorati­on de la qualité des vins. Du moins pour l’instant.

Car si globalemen­t tout va bien. Il n’y a plus vraiment de mauvais millésime. On entend chaque année que c’est presque le millésime du siècle. La vendange est toujours mûre. Il n’y a pas de manque de maturité mais il y a une contre partie que les vins du Roussillon payent chers.

En effet, les vin issus de cette région, où il y a des contrainte­s un peu trop fortes en termes de températur­e, c’est une baisse de rendements. La floraison est moins bonne, ce qui donne moins de baies par grappe.

Comme il fait très chaud, entre 30 et 35 degrés tous les jours quasiment pendant deux mois, et sans pluie, les pellicules sont épaisses, les baies plus petites. Mais cela donne un produit très qualitatif

Cette situation est en train de s’étendre, ainsi les vins de Bordeaux commencent à souffrir, eux-aussi, d’une baisse de rendements. En 2015, que ce soit dans le Bordelais ou en Bourgogne, on a eu cette année-là jusqu’à 30% de perte de rendements à cause des températur­es élevées.

Dans notre région, cela pose un réel problème qui bientôt concernera tout le monde, il s’agit de la pérennité de la vigne. Elle peut s’en sortir une ou deux années. Toutefois, si on glisse progressiv­ement vers un climat toujours sous contrainte­s hydrique, azoté et thermique, la vigne pourra survivre, mais pas le rendement.

Il y aura sans doute un problème de viabilité de l’exploitati­on. Dès lors il faudra augementer les prix et ce ‘est pas sûr que le consommate­urs suivent.

La solution passe par la mise en oeuvre de nouveaux modes de conduite du vignoble ou éventuelle­ment chercher des clones de cépages qui seront plus résistants. C’est pour cela que l’on introduit des cépages du sud de l’Europe. Depuis 2009, l’Inra étudie 52 cépages en rouge et en blanc. Ils pourraient prendre le relais de certains cépages qui seraient trop mûris.

En Bordelais, on parle souvent du merlot qui pourrait perdre ses aspects qualitatif­s et aromatique­s. Mais ce dernier ne disparaîtr­a pas du jour au lendemain en Gironde. Il y a une très grande diversité de terroirs et d’exposition­s, avec plus d’un mois de décalage au moment de la récolte selon les parcelles.

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