Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Un loup hybride, le débat peine à être tranché…
Les loups vivant en France sont-ils hybrides et croisés avec des chiens domestiques ? C’est ce qu’affirment certains partisans de l’éradication du prédateur. S’il est hybride, les raisons de le conserver comme espèce protégée s’évanouissent.
Et si l’expression "entre chien et loup" prenait tout son sens? Et si les troupeaux attaqués par le canis lupus étaient en fait la cible d’une espèce quasi-identique, mais génétiquement différente ? Et si le loup n’était finalement plus un vrai loup? Génétiquement parlant, le chien et le loup étant apparentés, ils sont forcément très proches. Ils ont même 99% de leur ADN en commun.
Aussi, aujourd’hui, il n’est pas rare de retrouver des hybrides entre ces deux sousespèces de canis lupus. Le nombre faisant la force, un collectif a commandé une étude d’analyses génétiques sur des échantillons de loups à un laboratoire allemand, Forgen, pour prouver le développement de ces chiensloups.
Des résultats sans appel
Les premiers résultats sont sans appel: sur vingt échantillons analysés de façon complète, tous sont qualifiés d’hybrides et de lignée non italienne. Des résultats présentés le 22 novembre dans les locaux de la Chambre d’agriculture de Grenoble. "On protège aujourd’hui un animal qui n’est pas un loup." La phrase résonne dans la bouche de cet éleveur touché de plein fouet par la prédation du canidé. Ils sont nombreux, comme lui, à déplorer la présence des hybrides.
Et à demander "qu’ils puissent être abattus, sans pour autant entrer dans le dé- compte du protocole d’intervention sur la population de loups en France. S’ils sont considérés comme des hybrides, ils ne sont plus protégés par la convention de Berne, et n’entrent plus dans les quotas fixés par le Ministère dans le cadre du plan loup. Ces animaux ont un comportement différent, ils représentent un danger pour le pastoralisme en général et pour l’Homme en particulier".
Ces résultats paraissent "étonnants" pour l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), qui avait commandé également une étude à un autre laboratoire, Antagène, quelques mois plus tôt. "Sur les 228 échantillons qui ont pu être analysés, 130 échantillons étaient soit des hybrides, soit des loups, et après une analyse plus précise : 120 sont des loups, tous de lignée génétique italienne, deux ont des signatures génétiques qui correspondraient à des hybrides de 1ère génération et huit ont des signatures génétiques qui correspondraient à une hybridation plus ancienne."
Une bataille d’experts
Une bataille d’experts et de chiffres qui se traduit sur le terrain par une guerred’idées… politiques. "Ces particuliers se placent de façon évidente dans une posture de contestation et de revendication" dit l’ONFCS. "On veut des éclaircissements", répond une éleveuse attaquée récemment. Le loup tué dans le massif des Monges était le 35e depuis le début du mois de juillet. Le plafond est fixé à 40.
Bruno Lecomte, éleveur et réalisateur de vidéos sur le loup, se demande même "comment ces loups, qui ont une origine génétique venue des pays de l’Est, ont pu se retrouver en France sans une intervention de l’homme. Nous voulons effectuer des vérifications, dans les parcs animaliers notamment, pour enlever tous les doutes possibles".
Ce n’est pas demain que les défenseurs du pastoralisme et de la biodiversité trouveront un vrai terrain d’entente… Entre chien et loup, la ligne est très fine. La question des hybrides sera forcément abordée cette semaine prochaine à l’occasion de la négociation autour du Plan loup 20182022…
«Un comportement différent»