Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers
Libre d’aimer
Dans à peine un mois, il y aura quarante huit ans que Gabrielle Russier a mis fin à ses jours. Parce que Christian Rossi, avait quinze ans de moins qu’elle. Pourtant, d’après des témoins de l’époque, ces deux-là s’aimaient vraiment et, du haut de son 1,57m et avec ses 45 kilos, elle ne ressemblait en rien à une séductrice sur le retour, s’en prenant à l’innocence d’un enfant barbu de 1,75m... La majorité était alors à 21 ans. Aujourd’hui, à 18 ans, aurait-elle sauvé ces amoureux?
Traînée dans la boue, insultée, mise en prison, condamnée, amnistiée puis à nouveau inculpée alors que Christian est interné en psychiatrie, la sensibilité de Gabrielle n’a pas résisté. «Mourir d’aimer», le film de d’André Cayatte fera pleurer la France entière. Trop tard.
Presque cinquante ans plus tard, les mentalités ont-elles vraiment évolué ? Notre président de la République, fraîchement élu a, lui aussi, été séduit par son professeur. Il était encore plus jeune et l’écart d’âge plus important. Le scandale a été énorme même si, heureusement la fin est heureuse. N’empêche que certains journalistes ne se sont pas privé de réflexions injurieuses. Leur histoire d’amour impossible, devenu possible à force d’y croire et de s’entêter, a fait la joie des publications people et des autres. Ce qui aurait pu être un handicap a été transformé en argument de poids. Tant et si bien que le jour de l’investiture de son mari, le débat politique de fond était : «Pour ou contre la longueur de la jupe de Madame la Première dame». Ce qui en dit long sur l’intelligence politique de ces deux-là. Et sur leur capacité à créer des leurres afin d’attirer les regards d’un côté pour avoir les mains libres et agir à leur guise de l’autre. Laissons s’aimer ceux qui s’aiment. C’est la vie privée de chacun qui, comme on le constate chaque jour davantage, est de plus en plus menacée. Et occupons nous des vraies questions. Comme du nombre de plus en plus important des pauvres, de plus en plus pauvres, dans notre pays... et ailleurs. Et des mesures urgentes à prendre qui n’ont rien à voir avec un conte de fées qu’on lit aux enfants afin de les endormir.