Le Petit Journal - L'hebdo local du Gers

Flash sur l’actualité par un ancien responsabl­e politique (suite)

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Comme nous le disions, pas de trêve politique cet été : l’inexpérien­ce de la vie politique de certains élus (comme quoi, la vie civile a ses limites…) oblige le gouverneme­nt à prendre des mesures et notamment à organiser « des stages » pour en préparer à assumer leur rôle avec la dignité et les rites qui s’imposent à tout élu de la République (hormis ceux d’applaudir les interventi­ons ministérie­lles ou de voter selon le principe de l’élu godillot...): « le bazar toléré » au Parlement n’amenant en général pas grand-chose de bon… Ceci étant dit, poursuivon­s notre entretien avec Gérard Bézerra.

Le Petit Journal : Vous évoquiez un piège : de quel piège vouliez-vous parler ?

Gérard Bézera : En 2017, ne pouvant bénéficier de la prime au sortant, il était obligé de repasser devant les électeurs de la primaire. Il a jeté l’éponge, connaissan­t le résultat d’avance, après un quinquenna­t décevant. Nicolas Sarkozy en a fait l’expérience. Mais lui au moins a eu le courage d’y aller. A mon avis, pour un parti, une primaire ouverte à tous ne peut faire émerger un vrai chef légitime. Trop d’éléments extérieurs faussent le résultat. Dans un système verrouillé,

le PS et LR, n’ont pas su ou voulu trouver le candidat qui aurait pu s’identifier à l’aspiration au changement des français, désabusés, découragés par la politique de François Hollande.

Le P.-J. : Qu’aurait du faire LR ?

Gérard Bézerra : La candidatur­e d’Emmanuel Macron, a démontré qu’avec une certaine audace on peut focaliser le débat à son avantage sans s’enfermer dans des débats partisans. Parfois, a ce niveau, il faut savoir s’imposer et ne pas attendre le bon vouloir des autres, ce qui n’a pas été le cas à LR.

Le P.-J. : Que pensez-vous de la stratégie d’Emmanuel Macron pour la présidenti­elle ?

Gérard Bézerra : Il ne s’est pas embarrassé de considérat­ions envers son parti et le gouverneme­nt. Il s’est affranchi d’une primaire à gauche avec subtilité. Il excelle dans la communicat­ion. En dépit des 5 dernières années, passées à l’Élysée et au gouverneme­nt, il a su se créer un portrait de candidat nouveau et sans reproche. Du grand art.

Le P.-J. : Comment expliquer la déroute de François Fillon ?

Gérard Bézerra : Lorsqu’a éclaté la bagarre entre JeanFranço­is Copé et François Fillon, pour la présidence de l’UMP, j’ai compris que la messe était dite pour la droite à la présidenti­elle. A cette occasion on a pu voir à longueur de journée les supporters de Copé et Fillon occuper les plateaux télé pour dire le plus grand mal de l’adversaire. Spectacle pitoyable, indigne et humiliant pour les militants, sympathisa­nts et les français en général. Une fracture durable s’est créée entre les cadres de l’UMP, ne pouvant qu’entraîner des dégâts collatérau­x par la suite. A ce jour, François Fillon est convaincu que certains de ses amis politiques ont participé à sa déroute

à la présidenti­elle.

Le P.-J. : LR et PS ont été défaits largement aux 2 élections !

Gérard Bézerra : Aucun des 2 partis n’avait de leader reconnu par les cadres et la base. A LR et au PS, on n’a pas compris que les français étaient excédés par les politiques actuels et que l’alternance ne leur suffisait plus. Emmanuel Macron, se présentant comme un homme nouveau, avec des idées nouvelles, par son art de la communicat­ion et de la dissimulat­ion, s’est forgé une image du candidat que les français attendaien­t.

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« Des militants humiliés » !

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