Le Point

L’ancien président est convaincu qu’il va gagner la primaire. Pourtant, ils sont nombreux dans son camp à douter de lui. Enquête.

- PAR LAURELINE DUPONT

Tout auréolé d’un congrès fondateur, il aurait dû être de bonne humeur, chaleureux, disert. Pourtant, lors du bureau politique du 9 juin, bon nombre de participan­ts ont noté chez Nicolas Sarkozy un « changement de ton » . « L’ambiance était glaciale » , se souvient un participan­t. Il a certes esquissé un trait d’humour à l’arrivée fracassant­e de Juppé. A ce dernier qui, après avoir fait tomber les micros en s’installant, a pesté qu’il serait de bon ton de les changer, Sarkozy a rétorqué : « Ça, c’est tout Alain, il arrive en retard, il perd tout et il m’engueule. » Mais, cette aimable boutade mise à part, le patron s’est montré assez irritable. En cause : la lettre par laquelle ses adversaire­s, Juppé, Fillon, Le Maire et Bertrand, se sont empressés d’exiger la mise en place d’un comité d’organisati­on de la primaire. Et voilà que Le Maire remet la mise en réclamant une « primaire exemplaire » . La réponse cinglante de Sarkozy coupe le souffle des membres du bureau : « Si, pour commencer, on pouvait se parler autrement que par lettre publiée dans la presse, ce serait mieux. »

L’intéressé l’a bien noté, le choix du moment de cet envoi médiatico-postal laisse un peu à désirer. Si la primaire agite les candidats, elle ne passionne pas encore les électeurs. « Si j’étais à leur place, je veillerais à être dans le tempo, glisse le chef de la droite à l’un de ses invités, peu après cet épisode. Vous pouvez venir avec un stradivari­us sous les fenêtres de la plus grande dame du village, si elles sont fermées, vous pouvez jouer, ça ne sert à rien. Les gens ne sont même pas dans les régionales, alors la primaire… » Pas de quoi s’inquiéter des conséquenc­es de cette intimation publique et collégiale ? « Si je regarde cette lettre au premier degré, je vois ça comme une muleta et je réponds. Mais si je la regarde avec un peu de recul, je me dis que, dans le fond, s’il y a de l’inquiétude chez les autres, c’est qu’il y a de la sérénité chez moi. »

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