Souvent méprisé, le maire de Nice a d’autant plus la niaque. Enquête.

Stop. Fini de courir les chaînes d’info. Christian Estrosi s’impose un sevrage médiatique ! Ses commentaires instantanés après la relaxe des policiers poursuivis dans l’affaire Zyed et Bouna ont valu l’opprobre au maire et député de Nice, candidat des Républicains aux régionales en Paca. On ne l’y reprendra plus. « Sauf, bien sûr, si l’on me propose une grande émission politique. » Pause. « Et sauf si “la cinquième colonne” commet un nouvel attentat en France. »

« Cinquième colonne » . Le mot a fait polémique, il le répète. « La formule a été travaillée », explique Anthony Borré, son directeur de cabinet et de campagne, embauché en 2008 à la sortie de ses études de droit et qui aujourd’hui, à 30 ans, est la pierre angulaire d’une « task force » jeune. « Jamais le FN n’a osé parler de cinquième colonne, s’insurge le socialiste Patrick Allemand, conseiller municipal à Nice et premier vice-président de la région Paca, en campagne pour un quatrième mandat. Estrosi est dans une escalade populiste maximale. Il me donne le vertige. »

Le hussard de la baie des Anges, qui aime quand ça pétarade, aurait-il succombé à la pression politique,médiatiqueetgénérationnelle que la candidature de la jeune FN Marion Maréchal-Le Pen lui impose ? « Mais, bondit-il, je n’ai pas attendu d’être en campagne pour utiliser ces mots, et pour couvrir Nice de caméras de vidéosurveillance, doubler les effectifs des policiers municipaux, mener la guerre contre les gens du voyage… Je n’ai pas besoin de faire de la surenchère. Je veux ramener ma région dans le giron de ma famille après dix-huit ans de gestion socialiste, je ne suis pas en campagne contre Marion Le Pen. »

Ah bon ? Ce n’est pas l’avis de Jean-Claude Gaudin : « La bataille contre le FN est une nécessité, d’autant que le mode de scrutin aux régionales le favorise, souligne le maire et sénateur de Marseille. Et Christian Estrosi dit souvent ce que nos électeurs pensent tout bas. Il peut y avoir une formule brutale, mais nous n’avons pas tous ni le même tempérament ni la même population, et cela plaît. »

Ce positionnement n’est pas nouveau chez Christian Estrosi, même si certains, à intervalles réguliers, lui font le procès d’accointances avec l’extrême droite. On a même produit une photo de lui devant une banderole FN