LE ZIMBABWE ENTERRE SON DOLLAR
Voilà ce qui arrive quand une banque centrale fait n’importe quoi, quand on imprime des billets à tire-larigot, quand on crée ex nihilo des montagnes d’argent pour boucler ses fins de mois. Au moment où la Banque centrale européenne fait gonfler la taille de son bilan comme avant elle la Fed américaine, le Zimbabwe, lui, essaie de tourner la page d’un très triste épisode : l’hyperinflation des années 2000, qui a poussé la devise locale – le dollar zimbabwéen – à valoir moins que rien. Le gouvernement vient tout simplement d’annoncer la fin de sa devise et donne à ses ressortissants la possibilité durant trois mois d’échanger leurs billets contre des dollars américains à un taux de change ahurissant : pour recevoir un seul dollar américain, il faut apporter 35 millions de milliards de dollars zimbabwéens. Rien de moins que quinze zéros après le nombre 35 ! Il faut dire qu’en 2008, au pire du pic d’hyperinflation, les prix doublaient tous les jours, un rythme plus démentiel que celui vécu par l’Allemagne de la République de Weimar, en 1923…
En fait, voilà déjà bien longtemps que la population préfère utiliser des devises étrangères plutôt que la monnaie locale, notamment le dollar américain ou le rand de l’Afrique du Sud voisine. Et voilà six ans que le gouvernement de Robert Mugabe, au pouvoir depuis l’indépendance de l’ex-Rhodésie en 1980, a renoncé à imprimer de nouveaux billets : il a du coup autorisé l’utilisation de huit monnaies étrangères dans le pays, devenues de fait devises officielles, le dollar américain mais aussi le yuan chinois et la roupie indienne. Une solution qui a permis de contenir l’inflation. Mais pas de panser toutes les plaies d’une économie ravagée par l’hyperinflation : le PIB d’aujourd’hui est toujours inférieur à celui de l’an 2000