Le Point

Dans les coulisses du

A Asnières se cache la maison de famille de La manufactur­e s’y dote d’une galerie-musée.

- PAR MARINE DE LA HORIE

Bon sang ne saurait mentir. Patrick-Louis Vuitton, issu de la quatrième génération de la famille, est responsabl­e des commandes spéciales.

Dire que Louis Vuitton a de la suite dans les idées est un doux euphémisme. A peine cinq ans après la fondation de sa maison de bagages, ses affaires sont florissant­es et le malletier se trouve bien à l’étroit dans ses locaux parisiens. En 1859, il choisit alors le village d’Asnières, à quelques kilomètres de la capitale, pour y installer ses ateliers. Un choix judicieux, car cette banlieue bucolique, très prisée des peintres, est située sur les bords de la Seine : idéal pour se faire livrer Parmi les malles sorties des ateliers d’Asnières, certaines dorment dans des greniers. D’autres sont toujours utilisées quotidienn­ement, pour le plus grand bonheur de leurs propriétai­res… Cette étonnante et poétique

malle-fleurs vient d’être rééditée. Elle était autrefois offerte aux plus illustres

clients de la maison. par péniche (déjà siglée Louis Vuitton…) les stocks de peupliers qui vont lui permettre de confection­ner ses malles. Cerise sur le gâteau, le tout premier chemin de fer, dont le terminus se trouve gare Saint-Lazare, à quelques pas de la maison mère, dessert aussi la ville d’Asnières. Et comme Louis Vuitton est un esthète et un homme moderne, il fait construire ses ateliers dans le plus pur style Eiffel, donnant la part belle au verre et au fer.

Progressiv­ement, le malletier agrandit le bâtiment et s’y installe avec femme et enfants pour rester au plus près de ses artisans, selliers, menuisiers, gainiers et autres serruriers. Au rez-de-chaussée, une magistrale table trône encore. Elle fut sans doute témoin de discussion­s enflammées et de grands débats autour de moments cruciaux pour la maison. A l’instar de l’invention du Monogram ou des défis du célèbre magicien Houdini pour tester les serrures à gorge.

Plus tard, son fils Georges Vuitton fera rénover la maison dans un style Art nouveau. Elle restera habitée par cette famille de visionnair­es jusqu’en 1964, année du décès de Joséphine, sa veuve.

Cent soixante ans après sa création, la griffe est devenue un mastodonte planétaire, mais l’adresse d’Asnières abrite toujours une manufactur­e qui réalise les commandes spéciales (350 par an), prototypes, sacs de défilé en cuirs rares ou exotiques et quelques malles, bien sûr.

De la malle-lit de l’explorateu­r Pierre Savorgnan de Brazza à la malle-service à thé façonnée pour le bon plaisir du maharaja de Baroda, en passant par un modèle résolument contempora­in pour accueillir un iPad, les artisans de Louis Vuitton ont toujours exaucé les moindres désirs de leurs clients globe-trotteurs. « Certaines malles ont fait du cinéma, d’autres joué les espionnes. Certaines ont emporté des plumes de music-hall, d’autres des partitions de

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