L’été est propice à la simplicité, à la fraîcheur, aux rencontres ; une nouvelle façon de partager.
Cette révolution-là est minime et ne changera pas grand-chose à l’évolution du monde. C’est d’ailleurs peutêtre regrettable – on peut penser comme Diderot que le vin, en boire et en parler, rend les hommes plus raisonnables – mais c’est ainsi… Le mode de consommation du jus de la treille, ses moments, ses saisons connaissent une notable mutation. On ne parle pas ici de ce que tout le monde sait : la disparition du « vin-aliment » qui accompagnait les travailleurs de force. Celui-là est en voie d’extinction depuis déjà fort longtemps. C’est plus subtil… Une sorte de glissement des rouges de garde, ceux qui vieillissaient dans la cave recouverts de poussière, ceux que l’on débouchait avec le gigot ou le poulet rôti dominical, vers du plus immédiat et peutêtre plus festif. C’est Mozart et sa « Flûte enchantée » qui met au rancart Wagner et « Le crépuscule des dieux ». Ou presque. C’est surtout un intérêt nouveau et de plus en plus affirmé pour ce qu’on résume sous la dénomination « vins d’été ». Les vins à boire dans leur jeunesse, appréciés pour leur fruit, leur fraîcheur, une certaine vivacité, gagnent de plus en plus de terrain. Nouvelle tendance associée à un mode de vie différent, avec des repas moins longs – surtout le midi –, une recherche du produit pur, d’origine, valorisé par ses propres saveurs plus que par les sauces ou ces déstructurations mousseuses, un temps coqueluches de certains grands chefs en passe de devenir coquecigrues d’une époque où tout glisse très vite.
C’est valable pour les rouges, dont on peut tracer le profil : fruit, tanins discrets mais développant une petite aspérité en finale qui fait saliver et titille l’envie. La Loire et ses appellations – anjou, chinon, bourgueil, etc. – s’en réjouissent. Mais on constate aussi que les côtes-du-rhône, les bourgognes (quand on peut en trouver que le marché export n’a pas accaparé) se boivent de plus en plus jeunes. Même le beaujolais, un temps boudé par les consommateurs à cause de sa version « bojo-nouveau-au-goût-de-banane », revient dans l’air du temps. Dans cette région, la crise et l’arrivée d’une nouvelle génération un brin écolo ont provoqué une solide remise en question. C’est un bonheur de retrouver pour l’été du