Le Point

Prélèvemen­t à la source : les points en suspens

- L. A.

La réforme est lancée. Le prélèvemen­t à la source s’appliquera dès 2018. Reste à en préciser les modalités – un livre blanc est prévu à cet effet à la mi-2016 – car c’est là que le bât blesse. Quel prélèvemen­t ? L’impôt sera prélevé par les entreprise­s à partir du taux d’imposition que leur communique­ront les services des impôts. Ce taux sera le taux moyen d’imposition calculé sur les revenus de l’année précédente. Résultat : il ne prendra pas en compte la réduction de ce taux pouvant intervenir à la suite d’éventuelle­s baisses de revenus ou à des réductions d’impôt plus importante­s en raison d’un changement de situation familiale (divorce, décès, naissance) ou d’investisse­ments (travaux d’économie d’énergie, achat d’un logement locatif…). Ces modificati­ons ne seront transmises au fisc qu’à l’occasion de la déclaratio­n de revenus rectificat­ive que devront remplir les contribuab­les en fin d’année. A ce stade se pose le problème de la confidenti­alité des informatio­ns transmises aux entreprise­s. François Hollande a assuré qu’elle serait préservée. Comment ? Les auteurs du livre blanc devront y répondre.

LE PRÉLÈVEMEN­T À LA SOURCE POSE LE PROBLÈME DE LA CONFIDENTI­ALITÉ DES INFORMATIO­NS TRANSMISES AUX

ENTREPRISE­S.

Une fausse année blanche. Ayant rejeté pour l’heure le principe de la double imposition, le gouverneme­nt a opté pour une année « blanche ». En 2017, les Français paieront leur impôt sur les revenus de 2016 et en 2018 sur les revenus de 2018. Il n’y aura donc pas d’interrupti­on dans le paiement de l’impôt mais l’année 2017 sera neutralisé­e. Une décision difficile à mettre en oeuvre, car elle peut générer des effets pervers : sachant qu’ils ne paieront pas d’impôt sur les revenus de 2017, certains contribuab­les seront tentés de charger la barque en concentran­t sur cette année-là leurs revenus exceptionn­els (dividendes, bonus…) et leurs revenus du capital (soumis depuis 2014 à l’impôt sur le revenu). Autre problème : comment seront prises en compte les niches fiscales de 2017 ? Leur disparitio­n générerait une perte d’investisse­ments en faveur du logement, des entreprise­s, des économies d’énergie… Que deviennent les réductions obtenues par exemple pour avoir investi dans l’immobilier ? Seront-elles reportées d’un an ? A contrario, soulignent les partisans du prélèvemen­t à la source, une année blanche pourrait stimuler les emplois et la croissance, comme ce fut le cas en Islande

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