Le Point

L’ex-leader de Solidarnos­c est l’invité exceptionn­el d’EcoRévolut­ions, le forum économique européen du à Nancy, le 26 juin. Il nous a reçus à Gdansk. Entretien vérité.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME CORDELIER ET MAYA SZYMANOWSK­A

Indomptabl­e Lech Walesa ! A plus de 70 ans, le leader charismati­que de Solidarnos­c, l’homme qui a contribué à faire émerger l’Europe nouvelle en évinçant le communisme de la Pologne, le Prix Nobel de la paix, le premier président élu démocratiq­uement à la tête de son pays, reste un homme libre. Même s’il a conscience du rôle historique qui fut le sien, il ne veut pas se laisser emprisonne­r par les conformism­es, les convention­s, les honneurs, le statut d’« icône de la liberté » qui est désormais le sien et pour lequel on l’invite à discourir partout dans le monde. Walesa veut rester Walesa, comme Le Point a pu le constater lors d’un entretien minuté (sa fille veille au grain) avec cette figure historique en bras de chemise dans son grand bureau du nouveau centre moderne érigé dans les chantiers navals de Gdansk à la gloire du mouvement Solidarnos­c et de son initiateur. Il est libre, Walesa, et c’est tant mieux ! Il est le parrain d’EcoRevolut­ions, le grand forum économique européen du Point qui se déroule au centre Prouvé de Nancy le 26 juin autour d’un thème qui lui colle à la peau : « Et si on essayait la liberté ? ».

Le Point : Selon vous, votre action a-t-elle été politique, sociale ou spirituell­e ? Lech Walesa :

Je n’avais pas planifié de devenir activiste. Mais, quand je ne suis pas d’accord, j’ai toujours pour habitude de donner mon avis. C’est ainsi que je suis devenu dissident. Puis les autres dissidents m’ont élu à des postes de plus en plus importants. Les choses se sont enchaînées comme cela…

Comment résumeriez-vous Solidarnos­c ?

Nous avons essayé de nous débarrasse­r du communisme dès qu’il s’est installé en Pologne, après la Seconde Guerre mondiale. Nous l’avons combattu les armes à la main, puis en faisant grève. Mais rien ne marchait. En tirant des leçons de nos erreurs, nous sommes arrivés à l’idée de construire Solidarnos­c à partir d’une philosophi­e très simple : quand tu n’arrives pas à soulever seul un poids, demande de l’aide !

Pourquoi cela a-t-il marché ?

Le communisme était un système mauvais, il suffisait de le prouver et de le mettre à bas. Il fallait juste du temps pour que ce système épuise ses possibilit­és. Il était fondé sur un axiome basique : étouffer dans l’oeuf toute tentative d’organisati­on indépendan­te. A la fin, les communiste­s ne défendaien­t pas beaucoup leur propre régime, mais ils voulaient garder le pouvoir. C’est pour cela qu’ils ont finalement décidé de négocier avec nous.

Cependant, il fallait un déclic pour que le mouvement réussisse…

En effet, le monde se montrait alors impuissant à combattre le

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