Le Point

Sexe, rock et printemps arabe

Mashrou’Leila ou les nouvelles icônes de la jeunesse orientale. Rencontre.

- PAR ANNE-SOPHIE JAHN

CViolonist­e né en 1986, catholique Chanteur, parolier né en 1988, sunnite e devait être un coup d’un soir. L’envie, pour ces étudiants en architectu­re de Beyrouth, d’essayer quelque chose de nouveau… Alors ils se sont donné rendez-vous après les cours. Règles du jeu : être original et n’utiliser que des mots arabes. C’était tellement bien qu’au petit matin ils ont eu envie de recommence­r : c’était un concert et c’était il y a sept ans. Aujourd’hui, propulsés par les réseaux sociaux, les membres du groupe Mashrou’Leila (« projet d’une nuit »), dont le chanteur est musulman, le guitariste druze et le batteur chrétien, sont devenus les icônes de la jeunesse arabe. « Dans la pop arabe, il n’y avait que des chanteurs-interprète­s qui parlent d’amour et de ciels bleus…, explique le guitariste, Firas Abou Fakher. « Nos textes à nous parlent du réel, de sexe avant le mariage, d’amour qui ne dure pas toujours, de femmes qui ne veulent pas s’habiller comme les femmes, d’hommes qui aiment

Batteur né en 1987, maronite

Guitariste né en 1988, druze les hommes » « J’aurais cuisiné pour toi, balayé le sol de ta maison, gâté tes enfants, j’aurais été ta femme au foyer», entend-on en effet dans la chanson « Shim El Yasmine ». Chaud, quand c’est dit au Liban et par un homosexuel issu d’une famille musulmane très religieuse. Pourtant, le chanteur et parolier Hamed Sinno le jure : « Dans notre public, il y a des hipsters, des filles en bikini et d’autres voilées, et même des salafistes ! » La liberté dont ils usent n’en finit pas de séduire. « Nous avons fait un concert en Egypte juste après les manifestat­ions en 2011. Il y avait quelque chose de spécial dans l’air, une envie de liberté, qu’on ressentait depuis la scène », se souvient Haig Papazian, le violoniste d’origine arménienne. Sur scène, Hamed tient un mégaphone : le printemps arabe les a hissés au rang de symboles. Parmi leurs projets, d’ailleurs, après leur performanc­e à Toulouse lors du Marathon des mots, un concert en Palestine. Problémati­que : avec le tampon d’Israël sur leur passeport, ils ne seraient pas autorisés à revenir à Beyrouth. Alors ils feront le concert depuis le Liban, et il sera retransmis là-bas sur des écrans géants. Pas de frontières pour la musique ? Cela devrait encore galvaniser les réseaux sociaux « Raasuk » (Pias). le Liban et la Syrie sont à l’honneur au 11e Marathon des mots (du 25 au 28 juin à Toulouse), auquel s’associe

partenaire de cette stimulante manifestat­ion et du concert très attendu de Mashrou’Leila le 25 juin à 20 h 30 au Metronum. Au programme aussi, le mythologiq­ue Roland Barthes et l’immortel Amin Maalouf, www.lemarathon­desmots.com.

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