La pionnière du cinoche
Biographie. Les femmes et le cinéma, c’est une histoire qui a commencé au début du XXe siècle avec « Alice Guy, la première femme cinéaste de l’Histoire », titre du roman biographique de la productrice Emmanuelle Gaume. Une oubliée de l’industrie du cinéma qui a tout de l’héroïne d’un scénario hollywoodien : Les origines troubles : métisse, « aux yeux bridés » , elle est née en France en 1873 des amours d’une épouse infidèle avec un Indien Mapuche. Un lourd secret qui pèsera longtemps sur la jeune femme. Elle a su s’imposer dans un milieu machiste : elle a commencé comme sténo au Comptoir général de photographie, recrutée par Léon Gaumont, avant de prendre la tête de ses studios, à 22 ans. Dès son premier film, « La fée aux choux », son inventivité sera saluée. Cette autodidacte a conquis les EtatsUnis, créant ses propres studios, écrivant, réalisant et produisant ses propres films – plus d’un millier. Elle demandait à ses actrices d’être naturelles et les protégeait du droit de cuissage. La passion destructrice qu’elle vécut avec l’opérateur de la Gaumont Herbert Blaché, qui, par ses infidélités, lui fit endurer les pires souffrances. La fin mélodramatique, avec les coups de feu qu’elle tire sur cet époux volage, qui contribue à ruiner sa carrière. Séparée, elle regagnera en 1922, avec ses enfants, la France, qui « se remettait à peine du désastre de la guerre » : le milieu du cinéma français l’avait oubliée « Alice Guy, la première femme cinéaste de l’Histoire », d’Emmanuelle Gaume (Plon, 500 p., 20 €).