En trente ans, le Japonais Tadashi Yanai a fait d’Uniqlo une griffe pointue et incontournable.
Dans ce quartier hérissé de buildings, une tour de verre et d’acier singulière émerge en plein coeur de Tokyo. C’est là que se trouve le siège d’Uniqlo. Tadashi Yanai, fondateur et PDG de la griffe, nous reçoit tout sourire, malgré son emploi du temps de ministre. L’homme le plus riche du Japon intervient régulièrement à la télévision locale, où ses conseils en économie sont considérés comme parole d’Evangile.
Alors, forcément, on s’étonne quand il nous demande avec insistance d’où vient notre imperméable à capuche. En effet, parler chiffons avec le Warren Buffett nippon est plutôt inattendu. D’autant que l’homme, à 66 ans, n’est pas l’un de ces Japonais ultralookés qu’on croise dans les rues de Tokyo.
Le fringant sexagénaire ne quitte jamais son uniforme : pantalon beige, chemise sobre et blazer bleu marine. Mais, question style, l’homme en connaît un rayon. Et la mode, Tadashi Yanai en a fait un empire qui compte près de 1 500 magasins dans le monde, dont 840 au Japon.
Tout commence en 1984, quand ce fils de tailleur ouvre à Hiroshima une petite échoppe de vêtements. « Quand j’ai ouvert ma première boutique, à l’endroit où la bombe atomique était tombée, je pensais que j’avais trouvé une mine d’or, tellement j’étais heureux. Mais je n’avais pas imaginé que cela aurait autant de succès », confie-t-il en ouvrant de grands yeux.
L’idée de départ de Yanai San est de proposer des vêtements basiques et fonctionnels « faits pour tous », à l’instar de son premier slogan « Made for All » . Mais surtout, il souhaite offrir, à un prix raisonnable, le meilleur. « Nous sommes des perfectionnistes et recherchons le vêtement ultime qui serve les besoins des gens au quotidi e n » , nous livre, pragmatique, ce redoutable homme d’affaires pétri de culture japonaise.